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Critique de Maghily


Ce roman m'a happée, bouleversée et pourtant, ce n'était pas gagné ! Sa particularité, qui lui a valu de nombreuses critiques à l'époque de sa sortie, tient dans l'utilisation de l'anglais vernaculaire noir américain dans tous les dialogues. Et autant vous dire que, lorsque vous n'y êtes pas habituée, il faut parfois s'accrocher car la syntaxe et le vocabulaire sont très différents de l'anglais “classique”. C'est d'ailleurs très imagé avec de nombreuses métaphores. Dans cette nouvelle traduction parue chez Zulma en 2018 [le livre date de 1937] Sika Fakambi s'est efforcée de rendre le mieux possible les particularités de cette langue vernaculaire en français et cela n'a pas dû être un exercice facile ! Il m'a donc fallu un certain temps d'adaptation pour entrer dans ce roman et apprécier ma lecture.
Ce qui m'a donné envie de m'accrocher [outre, l'avis enthousiaste de Zadie Smith sur la 4e de couv], c'est évidemment Janie. Elle commence son récit par la période où elle était enfant, vivant dans l'arrière cour de la famille de blancs qui employaient sa grand-mère. L'esclavage a été aboli depuis peu et la grand-mère de Janie veut offrir le meilleur à cette enfant qui n'a plus d'autres parents car elle sait qu'une autre vie est possible, plus heureuse que celle de ses ancêtres. C'est elle qui, sans le vouloir, plante “cette” petite graine dans l'esprit de Janie. La jeune fille rêve d'amour et de liberté mais elle va mettre toute une vie avant de les rencontrer. Cela lui prendra trois mariages et autant d'existences très différentes les unes des autres. Je ne veux pas trop vous dire et je trouve que le résumé du roman, sur l'objet-livre en dit déjà de trop.

Par ce roman, l'autrice nous propose des personnages qui s'affranchissent de ce que la communauté blanche peut bien penser d'eux et qui construisent une société totalement indépendante. Néanmoins, cela n'empêche pas toute une série d'oppressions d'avoir lieu : mépris de classe, misogynie et j'en passe. Même le racisme refait son apparition puisque visiblement, pour certain·es, il y aurait des noir·es meilleur·es que d'autres. A travers Janie et ses voisin·es, l'autrice nous propose tout un panel de personnages qui sortent des clichés habituels. Elle s'interroge aussi, longuement, sur le rôle des femmes dans la société et la manière dont il est possible de faire couple [dans des mariages hétérosexuels]. J'ai trouvé cela très novateur pour l'époque.

La nature joue également un rôle important dans ce roman puisqu'elle est souvent à l'origine des changements de cap de Janie. Il y est notamment question de travail agricole, et de tout ce que cela implique, mais aussi d'ouragans. On y voit tout ce qu'elle peut avoir de merveilleux mais aussi de dévastateur.

J'ai beaucoup aimé les thèmes abordés dans ce roman. J'ai vibré pour Janie dans les derniers chapitres et je ne regrette aucunement d'avoir persévéré quand je butais sur les premiers chapitres. C'est une lecture dense, qui demande une certaine attention et implication de la part de ses lecteurs et lectrices mais je vous la conseille vivement si vous aimez cette littérature américaine à l'ambiance un peu lourde, à la Toni Morrison ou à la Jesmyn Ward.
Lien : https://www.maghily.be/2021/..
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