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Critique de Lamifranz



C'est une histoire qui a pour lieu
Paris la belle en l'an de Dieu
Mille quatre cent quatre-vingt-deux
Histoire d'amour et de désir
Nous les artistes anonymes
De la sculpture ou de la rime
Tenterons de vous la transcrire
Pour les siècles à venir
Il est venu le temps des cathédrales
Le monde est entré
Dans un nouveau millénaire
L'homme a voulu monter vers les étoiles
Écrire son histoire
Dans le verre ou dans pierre

Ce n'est pas Victor Hugo qui parle, bien qu'il aurait pu prononcer ces paroles, (ou les mettre dans la bouche d'un de ses personnages), c'est Luc Plamondon, le parolier de la comédie musicale « Notre-Dame de Paris » (1998), au succès phénoménal – et mérité. Il s'agit du début de l'air de Gringoire (interprété par Bruno Pelletier).
Bien entendu, il s'agit d'une adaptation. Toute réussie qu'elle soit, elle ne peut refléter la richesse du roman, sa complexité, ni la totalité de son propos. Car, il faut bien l'avouer, « Notre-Dame de Paris » est un monument. La cathédrale qui porte ce nom en est un, un des plus beaux de notre patrimoine, le roman qu'elle a inspiré en est un autre, et non des moindres.
En 1831, Victor Hugo a 28 ans, il a déjà à son actif quelques succès : en poésie « Les Orientales » (1829), et surtout au théâtre « Hernani » qui l'année précédente, a défrayé la chronique. Il a déjà écrit quelques romans, dont « le Dernier jour d'un condamné » (1829) qui a pour thème (déjà) la peine de mort.
Nous sommes donc à Paris en 1482 (le titre exact du roman est « Notre-Dame de Paris, 1482 »), sous le règne du bon roi Louis XI (quand je dis bon, c'est une façon de parler).La bohémienne Esméralda qui danse sur le parvis de la cathédrale, avec sa chèvre Djali, attire sur elle (Esméralda, pas la chèvre) l'attention de trois personnages : Frollo, archidiacre de la cathédrale, homme rigide qui va se trouver déchiré entre sa foi et son amour ; Phoebus de Chateaupers, beau capitaine de la garde, déjà fiancé à la coquette et jalouse Fleur-de-Lys ; et Quasimodo, le carillonneur de la cathédrale, triple B de naissance (bossu, borgne et boiteux), il a loupé de peu le grade de quadruple B : il n'est pas bègue car il est muet depuis toujours, et de plus, il est devenu sourd à cause des cloches, et pour ne pas faire de détail, il est laid comme une gargouille. Victor Hugo ne l'a pas ménagé, mais c'est pour mieux faire ressortir, sous ce physique de brute, une âme sensible et intelligente, capable de grands sentiments, et même d'amour. L‘alliance du grotesque et du sublime, si chère aux romantiques.
Toute l'intrigue tourne autour de ces quatre personnages : Esmeralda aime Phoebus (de façon naïve) qui n'aime pas spécialement Esméralda (mais est attiré par elle). Frollo aime Esmeralda à qui il fait horreur. Quasimodo adore Esmeralda comme une icône, mais Esméralda ne peut lui accorder que de la pitié.
Autour de ce quatuor, évoluent d'autres personnages : le poète Gringoire, sauvé de la pendaison par Esméralda, Jehan Frollo, le jeune frère de l'archidiacre, étudiant dissolu, Fleur-de-Lys, fière jeune fille coquette et terriblement jalouse, la Sachette une vieille mendiante en qui Esméralda reconnaîtra sa mère… et puis, au-dessus de tout le monde, le roi Louis XI.
« Notre-Dame de Paris » est essentiellement un roman historique : le Paris de l'époque et la cathédrale en particulier, est remarquablement restitué. Petit bémol : à l'époque Louis XI ne remettait plus les pieds à Paris (il mourra l'année suivante à Plessis-lès-Tours). Sa présence permet surtout à Hugo d'énoncer ses idées sur le pouvoir et la liberté. C'est aussi un roman éminemment romantique : les sentiments sont souvent paroxystiques, les contrastes abondent ; entre le grotesque et le sublime, le bien et le mal, le laid et le beau (l'un se cachant sous le masque de l'autre), pas beaucoup de psychologie au total mais des stéréotypes de roman, une teinte de fantastique… Mais le plus fort, dans ce roman, le plus important, ce qui domine l'ensemble de l'oeuvre, c'est bel est bien la cathédrale, personnage central et lieu de l'action.
Comme souvent chez Hugo (mais on trouve cela chez la plupart des auteurs du XIXème), il y a une tendance à s'attarder sur des descriptions longues et fastidieuses, qu'à cela ne tienne, vous pouvez sauter quelques lignes, voire quelques paragraphes, vous ne perdrez rien de cette histoire fascinante d'amours contrariées dans ce cadre unique.
Au cinéma, deux références : « Quasimodo » (1939) un film de William Dieterlé avec Charles Laughton en Quasimodo et Maureen O'Hara en Esméralda ; et « Notre-Dame de Paris » (1956) un film de Jean Delannoy avec Anthony Quinn en Quasimodo, Gina Lollobrigida en Esméralda et un inquiétant Alain Cuny en Frollo.
Plus la comédie musicale précitée (privilégiez la version de 1998, c'est la meilleure)


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