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Critique de Krissie78


Amir et Hassen sont nés à quelques mois d'écart. Amir, le fils du maître, riche commerçant de Kaboul, orphelin de mère puisqu'elle est morte en lui donnant la vie. Hassan est le fils d'Ali, fidèle serviteur de la famille, abandonné par sa mère une semaine après sa naissance. Les deux garçons grandissent ensemble, nourris par la même nourrice. Frères de lait, seul les sépare leur origine : l'un appartient à la classe dominante, l'autre à celle des serviteurs, l'un a droit à l'éducation, l'autre s'occupe de la maison, l'un est pachtoun, l'autre est chiite. Mais longtemps pour Amir ces différences ne comptent pas. La vie à Kaboul est faite de jeux d'enfants, d'odeurs de cuisine, de réceptions dans la grande maison de Baba, de rites et de coutumes comme cette course de cerfs-volants une fois par an. Petit à petit Amir va devenir jaloux de la relation d'Hassan avec son propre père et va commencer à abuser de sa position sociale pour accumuler les petites lâchetés et agressions vis-à-vis d'Hassan. Arrive l'hiver 1975 et la pire des lâchetés et des trahison. Un hiver qui va sceller le destin des deux enfants, au coeur de ces années 1970 qui voient le tournant de l'Histoire pour l'Afghanistan.

Derrière le destin de ces deux enfants, derrière leur relation complexe qui découle notamment du rapport entre Amir et son père qui ne s'est jamais remis de la perte de son épouse, il y a le destin tragique d'un pays et d'un peuple. Derrière la jalousie d'Amir vis-à-vis d'Hassan à cause de l'affection de Baba pour cet enfant de basse classe, il y a les antagonismes entre les différents courants de l'Islam, les différentes orientations politiques.
Roman d'amitié et de résilience, « Les cerfs-volants de Kaboul » est aussi une plongée dans l'histoire de l'Afghanistan, des années 1970 au début des années 2000. On y vit de l'intérieur la vie paisible de la bourgeoisie sous la royauté, le renversement du régime, l'invasion par les troupes russes puis par les talibans. L'exil pour les uns, la dure lutte pour la survie pour les autres. Ce que Khaled Hosseini décrit c'est la fin d'un monde.

Que dire qui n'ait déjà été écrit. Comment ne pas être touché par l'histoire d'Amir et d'Hassan. le narrateur, Amir, ne cache rien de son tempérament injuste et lâche vis-à-vis d'Hassan mais aussi de ses sentiments contradictoires face à l'indéfectible loyauté d'Hassan. La colère que l'on ressent parfois à l'encontre d'Amir est tempérée par ce que l'on ressent, comprend de sa difficulté d'être face à ce père généreux avec ses voisins, ses amis, ses compatriotes, ce père qu'il aime et admire par-dessus tout, mais qui reste si distant et dont la bienveillance a du mal à s'étendre à ce fils auquel il doit son veuvage. Que de personnages attachants gravitent autour de ces deux enfants.

Comment décrire la finesse de l'écriture, la beauté de cette plume qui nous donne à ressentir l'amour d'un Afghan en exil pour ce pays meurtri par la guerre. Lire ces pages en 2021 alors que les talibans viennent de remettre la main sur Kaboul et l'Afghanistan est un déchirement aussi douloureux que le cri d'amour déchiré et déchirant de Khaled Hosseini en 2003.

Un succès planétaire mérité pour ce roman d'amitié, d'amour et de rédemption
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