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Critique de Heval


Et si, pour favoriser l'égalité femme-homme, on décidait, collectivement, de supprimer le "sexe" sur le registre civil? Et si, pour permettre la diversité, il fallait que la République ne sache rien de l'identité sexuée? Pour Ulysse Riveneuve, candidat fictif aux élections présidentielles, c'est la mesure phare, indispensable, qui favorisera l'égalité entre les femmes et les hommes, la diversité et la liberté au sein de la République française. Les individus n'étant plus identifiés comme "homme" ou "femme" dans le registre d'état civil, ils ne seront plus obligés d'épouser les représentations stéréotypées qui se lient à leur sexe et pourront, en toute liberté, composer leur identité dans le choix infini des possibilités. La mesure, si simple, si facile à adopter, appliquer est-elle ce qu'il nous faut pour permettre l'émancipation des femmes et des minorités discréminées en raison de leur orientation sexuelle? Thierry Hoquet décrit ici le succès progressif de la mesure, oppose les arguments des uns et des autres, des "pour" et des "contre", les "pour" l'emportant finalement.

Cette fiction, quelque peu originale, est intéressante en ce qu'elle fait une proposition qui impose le débat. Suffit-il de supprimer les mentions "M" et "F" des documents administratifs comme on a supprimé "Mademoiselle" pour que cessent les inégalités, les stéréotypes, les représentations erronées, les discriminations? pour qu'ait lieu la révolution dans les pratiques, les idées et les pensées? C'est un point d'interrogation auquel je ne peux, moi, apporter de réponse. Et celles apportées par la présente fiction ne m'a convaincue qu'à moitié: à long terme, peut-être, en effet, la suppression des différences de sexe annihilera l'assignation des individus à un "genre" particulier. Mais pourquoi en passer par là? Pourquoi devoir supprimer le "féminin" et le "masculin" pour qu'ils puissent vivre en toute égalité? Ne peut-on pas les penser en harmonie en les conservant? le personnage principal explique que la loi sur la parité est un "faute de mieux", une loi qui n'aurait pas lieu d'être si la société était égalitaire. On pourrait lui rétorquer, dans une même mesure, qu'il n'y aurait pas besoin d'une suppression de la différence des sexes si la société n'avait pas de mal à entendre le "féminin" face au "masculin". La suppression du "féminin" et du "masculin" est comme l'aveu d'une faiblesse: c'est dire, prétendre, reconnaître que la société a dû mal à vivre en la présence des deux, qu'elle ne parvient pas à les penser en harmonie et qu'elle doit forcément les supprimer pour les penser correctement, voire ne plus les penser du tout. Ce qui n'est pas non plus vérifié: rien nous dit, en effet, que leur suppression va emporter un changement des mentalités.

En bref, et à propos de ce livre, je dirais que si l'interrogation posée par le roman fait son intelligence, la répétition du propos - que reconnait l'auteur - finit par lasser, par ennuyer. En même temps, me dira-t-on, l'homme présidentiable ne transporte dans son bagage que cette seule mesure ... forçément il se répète.
Lien : http://kanimezin.unblog.fr/2..
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