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Critique de Prudence


Un livre extrêmement inégal avec des chapitres écrits par différents auteur, l'ensemble est un assemblage hétérogène dans les thématiques et surtout dans la qualité. Certains sont très bien d'autres me semblent inadmissibles:

"Dans les cas d'ambiguïté sexuelle, l'avenir psychologique de l'enfant et de la famille est en jeu. le choix du sexe d'éducation est donc une urgence diagnostique et thérapeutique. Il est néanmoins indispensable de se donner un minimum de temps pour faire le choix le plus favorable. Ce laps de temps permettra de faire un diagnostic aussi précis que possible, permettant d'évaluer ce que pourra être l'avenir de l'enfant durant sa puberté et sa vie sexuelle."
Ce paragraphe s'inscrit dans le cadre de la justification des mutilations génitales des personnes intersexes. Non seulement les assertions sont gratuites et non prouvées mais elles engendrent des mutilations sexuelles graves et irréversibles. J'ai également noté que le terme de personne "intersexe" n'est pas utilisé.

"Les inuits fiançaient les enfant jeunes. Ils choisissaient une fiancée à identité masculine pour un garçon à identité féminine: ils avaient compris qu'ils étaient complémentaires. tout individu devait en effet constituer une famille avec quelqu'un du sexe opposé et procréer ou adopter des enfants."
La description est une chose, mais le fait de dire " ils avaient compris qu'ils étaient complémentaires" est complétement homophobe et hétéronormatif. Je ne sais pas si cela représente les avis de l'auteur ou une grosse bourde.

Le titre de chapitre: "Le genre, la psychanalyse, la "nature": réflexions à partir du transsexualisme" est très problématique. Je passe outre la psychanalyse et m'attaque directement au mot "transsexualisme". Les associations militantes demandent régulièrement à ce qu'on arrête d'utiliser ce terme offensant les réduisant à une pathologie (il s'agit d'un diagnostic médical) et à des organes génitaux. Il s'avère qu'il ne s'agit pas tellement de sexe, mais de genre: de la perception de soi comme appartenant à un genre socialement construit.

Dans ce même chapitre: "Le genre d'un sujet, soutient Money, est définitivement fixé à l'âge limite de deux ans et demi, sauf dans les cas où les parents, incertains quant au sexe de leur enfant, lui ont tranmis leurs doutes et donc une identité ambiguë qui permettra une réassignation plus tardive. Dès lors, le psychanalyste Robert Stroller put théoriser dans le même sens à propos de l'identité sexuelle inversée des transsexuels, qui se pensent hommes dans un corps de femme ou, inversement, femmes dans un corps d'homme, mais ne présentent pas d'anomalie physique et n'ont pas fait l'objet d'erreur d'assignation."
Ces paragraphes sont tellement catastrophiques que je ne sais pas par où commencer: "transsexuel": non, ne pas utiliser ce mot. "identité sexuelle inversée": non, cisnormativité. "qui se pensent"= jugement. "dans un corps de": vocabulaire inadapté. Accusation des parents etc. C'est juste n'importe quoi et c'est complété par ce passage:
"Dans cette perspective, tout discours médical ou seulement psychologique peut être entendu comme normatif et interprété comme une stigmatisation: c'est ce que soutiennent les militants transsexuels ou queer." Là on a les précautions du type "interprété" alors que dans les autres paragraphes jugeant, non. Réutilisation du terme "transsexuels" alors que les militants demandent généralement qu'il ne soit pas utilisé.
Toujours dans ce chapitre la pathologisation continue avec "les transsexuels, les transgenres ou aussi les homosexuels". On note au passage l'essentialisation: le fait de réduire une personne à une de ses caractéristiques (c'est très déconseillé en psychologie).

La conclusion de ce -déplorable- chapitre est condescendante:
"On se retrouve donc dans une situation historique tout à fait paradoxale, où la critique des définitions traditionnelles et normatives du genre conduit des militants à retomber dans le piège d'un naturalisme qui constitue pourtant le plus solide fondement idéologique de ce qu'ils combattent."
Mauvaise connaissance des milieux militant, mauvaise compréhension des revendications et la prétention de savoir mieux que les concernés comment ils devraient mener leur luttes, cf whitesplanning, mensplanning etc., même si je n'ai pas encore été confrontée au mot et ne sais pas s'il ce dit, ça semble être un bel exemple de cissplanning. Vraiment interpellée par ce chapitre, je me suis un peu renseignée sur l'autrice, qui est sur le site de l'ANT (Association Nationnale Transgenre) dans les citations transphobes, sur un forum de transidentité comme ayant tenus des propos et écrit des articles catastrophiques et complétement à côté de la plaque. Ce que j'ai également ressenti.

Pour conclure: certains chapitres sont intéressants, mais d'autres non et notamment certains qui sont gravement problématiques (thématiques trnas', transgenre, transidentité, intersexuation, homosexualité...). Dans l'ensemble je déconseille plutôt ce livre.

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