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Critique de LeScribouillard


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# OH BAH DITES DONC UN ARTICLE DU SCRIBOUILLARD SUR LA HORDE DU CONTREVENT C'EST VRAIMENT ÉTONNANT ÇA PAF AÏE !
$ Je contemple la vaste étendue par-delà les montagnes que nous avons traversé. Au chalet, la tempête a été un vrai bordel ; quand ça s'est calmé, j'ai enfin eu le courage de forcer la porte de la baraque histoire de voir un peu au-dehors si y'avait pas moyen de voir où on pourrait appeler les secours. J'ai eu tort. On a été submergés par une avalanche et on nourrirait déjà les vers congelés si Nathan avait pas flanqué le feu au même moment au chalet en jouant avec l'alcool de Saint-Bernard.
Maintenant, on marche sans rien y voir à espérer trouver autre chose que ce foutu blanc à perte de vue. Ça sent le caca tout frais, toute cette affaire, le blog que je peux toujours pas entretenir, la chaîne que j'ai laissée en friche, le compte en Suisse avec l'argent des abonnés…
¡ Ça commence à vraiment devenir rigolo ! Depuis ce matin, j'ai croisé un mammouth laineux et même un ET pris dans la glace. Scribouille est tombé dans six crevasses, et il a une grosse stalagmite restée coincée dans la fesse gauche. On est encore ensanglantés, sales, épuisés, en hypothermie, mais à part ça jusqu'ici tout va bien. Ça va nous faire des sacrées cartes postales !
$ Y'a vraiment rien d'autre que c'te foutue neige ! Et ce vent, ce vent qui hurle à longueur de journées, ce vent qui te braille que tu vas pas t'en tirer, ce vent avec lequel t'as pas moyen d'aller pisser sans te prendre des tas de petits glaçons jaunes sur le visage…
¡ Un truc aussi que j'ai bien aimé, c'était le squelette avec lequel j'ai fabriqué un xylophone. le truc, c'est qu'y'avait pas moyen de jouer correctement, avec tous les asticots dedans…
$ le vent, le vent… J'avais pas lu un truc sympa sur le vent, fût un temps ?
¡ Et puis il y a eu aussi le randonneur qu'on a voulu manger, mais la marmite refusait de prendre…
$ Ouais, un machin où c'est l'histoire d'une meute et y meurent tous, avec des calembours de partout et des personnages qui parlent tous en même temps…
¡ Et puis la fois où on a été capturés par les adorateurs de Kipulshit, le dieu-marmotte, banni de la cité de R'leyh parce qu'il faisait pas assez peur…
$ Et ils en ont fait une adaptation, non ? Attends deux secondes… Je dois me souvenir, je dois me souvenir…
¡ Pauvre Kipulshit, il était tellement triste de pas nous effrayer avec sa cité en rondins de sapin issu de forêts renouvelables qu'il a voulu nous lancer un sort de liquéfaction en fondue savoyarde…
$ Me souvenir… ÇA Y EST ! JE ME SOUVIENS !

Je… Je me souviens.

La Horde du Contrevent. Des centaines et des centaines de pages noircies par un souffle de mort et de vie, n'épargnant personne, tuant comme enfantant la vie, où des hommes tentaient péniblement de survivre entre deux bourrasques, motivés par un seul désir, celui d'aller vers l'Extrême-Amont, celui d'aller jusqu'au bout. Et aller jusqu'au bout, c'est pas franchement facile, surtout quand t'es en France, et que tu veux faire connaître un machin aussi dense et complexe à l'international. le projet d'adaptation en jeu vidéo s'est lamentablement scratché, quant au long-métrage d'animation qui devait en être tiré, il a malheureusement rejoint auprès du Dune de Jodorowsky le rang des films qu'on aimerait tellement voir qu'il est impossible qu'ils aient pu exister.
Et puis débarque Vincent Henninot, quelques albums au compteur, et qui dit : « Moi, je vais vous la faire, cette Horde, avec une BD qui demandera des années mais avec tous les FX qu'y faudra et le panache d'un écureuil atteint d'hyperpilosité ». Et forcément, tu te dis qu'il va se planter. Parce que les autres ont pas réussi avant lui. Parce que c'est typiquement le genre de bouquin inadaptable. Parce qu'il fera jamais mieux. Et devinez quoi ?

McGuffin et intrigues en vrac

Parce que oui, il s'en sort, Henninot, et il s'en sort même terriblement bien. le fait d'éviter la multiplication des points de vue en se braquant sur Sov rend le tout plus digeste et le dessin nous épargne les délibérations parfois interminables de chacun des personnages. Là où le roman semblait nous conduire à une psychologie intériorisée, ce tome 1 recherche davantage une psychologie extériorisée, en se focalisant sur ce que les personnages font plutôt que ce qu'ils pensent. On nous épargne pas mal du jargon technique, les explications viennent rapidement (parfois un peu trop d'ailleurs : l'une d'elles pourrait mettre la puce à l'oreille sur la chute finale), ce qui en fait un ouvrage bien plus compréhensible pour le lecteur peu habitué à des lectures peu exigeantes. Oh là là, quelle horreur, ils ont rendu la Horde du Contrevent accessible ! Mais tenez-vous bien, c'est pas fini.
L'adaptation va en effet à l'encontre de nombre de choses auxquelles on se serait attendus, ce avec la bénédiction de Damasio : ça va parfois s'incruster avec de légères touches, d'autres fois beaucoup moins. Comme modification mineure, là où notre bonne vieille cervelle de wasps colonialistes imaginait des hordiers tout blancos avec une ingénierie inspirée vaguement du steampunk ou de Vinci (en tout cas occidentale), le dessinateur vient bien plus piocher dans des décors et des protagonistes d'inspiration tibétaine. Un choix à saluer pour deux raisons : d'abord, parce que la fantasy exotique est pas franchement appréciée en France, ensuite parce que c'est super pertinent dans la mesure où il s'agit d'une culture particulièrement ancrée dans le vent et l'austérité (on retrouvera même dans ces pages le rituel des funérailles célestes, où le cadavre est dévoré par les oiseaux charognards).
Là où ça va plus facilement en froisser, c'est l'idée de diverger du scénario. Damasio émet en préface l'idée pour le moins intéressante qu'une oeuvre adaptée doit nécessairement être trahie, mais pas n'importe comment. Henninot commence donc à bricoler dans notre dos des timelines qui n'étaient pas censées se passer comme ça, voire même exister. Sauf que là où par exemple Jackson dans le Hobbit usait et surabusait de cette technique pour combler des blancs par des rebondissements et des arcs artifi-superficiels, ici c'est extrêmement bien dosé. Et j'en veux pour preuve ce qui va faire hurler les puristes à mort : la mort d'un des personnages qui n'était pas censée se dérouler comme ça ni à ce moment-là.
Et franchement, bah tant mieux. C'est super bien intégré au reste d'une part (on va y revenir), ça vient servir le fond d'une autre. Ce personnage avait une trop grosse proximité avec le point de vue de Sov, et les caractéristiques qui lui étaient propres restaient de toute manière en retrait. Mieux encore, avec sa mort, il confie à Sov une lourde responsabilité qu'il n'est pas sûr d'assumer. Ça fait du McGuffin supplémentaire mais pas gratuit, tout comme la petite Coriolis qui ici vient de se faire intégrer, car celui-ci gagne ainsi en profondeur et comble les trous et baisses de rythme que Damasio avait tendance à commettre. Mieux, ça donne du suspense au récit car on sait pas si les autres vont y passer dans l'ordre, comment le gars va se débrouiller pour continuer à coller au récit de base tout en effectuant des variations subtiles.
Car oui, subtil, ça l'est. Les dialogues rajoutés sont avec la même plume que le style originel, sans pour autant en faire trop, au point que c'est pas facile de différencier ce qui a été ajouté de ce qui a été gardé comme tel. C'est cet enchevêtrement de fidélité et de touches d'originalité qui vient réussir le pari casse-pif de toute adaptation : coller au texte de base tout en lui apportant une dimension nouvelle.
Et avec en plus un encrage dynamique et évitant au dessin de sombrer dans la ligne blanche, des paysages fantasmés, un travail sur les détails tout en gardant une grande fluidité, le cosmos est mon campement nous prouve définitivement qu'il est non seulement une lettre d'amour à son matériau de base, mais aussi qu'il a tout compris : l'important pour une adaptation n'est pas de conserver le même scénario que l'oeuvre adaptée, mais de conserver le même esprit, la même ambiance, la même immersion. Ça me rappelle une dissert de philo où j'avais… C'est qui ce type là-bas ?
§ Je les attends du haut de mon rocher, près de la Porte d'Armorique. Deux voyageurs dépenaillés, qui avancent péniblement dans ma direction. Des êtres à sauver. À condition qu'ils acceptent d'en payer le prix.
« Vous êtes qui et vous faites quoi ? me lance le plus moche des deux.
— On me nomme… le Gardien des Portes Dimensionnelles. (Je fais un grand geste qui fait super mystérieux.) Et je Garde… des Portes Dimensionnelles.
— OK, alors barre-toi, si tu veux pas recevoir un piolet à la place du nez.
— Ça va pas la tête ?! Nooon ! Ne touchez pas à ce portail, il est en réparation ! Les korrigans…
— Ça mène vers la Bretagne, votre truc ? Sympa, comme destination pour le mois d'août ! Bon bah salut tout le monde, on se dit à dans quinze jours, et d'ici là je devrais bien être revenu à la civilisation avec une bonne trouvaille, et en attendant ça me fait un super cliffhanger pour la prochaine critique de mon blog. du reste, hésitez pas à m'acheter cette BD, car après tout c'est pour votre cultu… »
OOOOO°°°°° )))) ,, , , .. , . , . , . ; ……. , , ,… ..
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