Jim Harrison écrit pour lui et pour son lectorat américain. Une récurrence à connaître pour appréhender une oeuvre géocentrée. Tour à tour tendre, acerbe, mélancolique, ironique, phallocrate, critique d'une société qu'il a contribué à façonner, utiliser, avant de la vilipender plus ou moins gentiment, poétiquement, son écriture est simple à défaut d'être simpliste, féroce mais jamais vraiment violente.
Dans ce livre florilège vanté comme un de ses meilleurs, nombre de clichés nord-américains passent au mixer sans jamais être développés : grandes routes et macadam versus fleuves et rivières ; urbanisme & villes sans intérêt vs paysages & forêts ; humains superficiels sans relief vs bestiaires bovin, ornithologique, reptilien ; sexualité fantasmée vs puritanisme de façade ; cupidité vs renoncement ; société de consommation vs ascétisme ; gentils indiens vs méchants blancs, ou comment assumer une histoire commune génocidaire ; vilains politiques de tous bords, guerres coloniales maquillées, Hollywood machine à fric et à toc, alcoolisme endémique, violence sous jacente prête à éclore, LGBT, gros 4x4, pêche à la mouche, etc... Bref beaucoup de thèmes US habituels et de clichés impossibles à effeuiller en 300 pages, tout cela au prétexte d'un voyage et d'un road book initiatique et salvateur.
Ce n'est pas mon premier
Jim Harrison et je sors mitigé de cette lecture flamboyante et foutraque, sur ma faim, bien qu'elle fût la meilleure que j'ai lu de cet auteur peut-être prisonnier d'un style éditorialement et commercialement porteur, à moins qu'il ne soit pas capable d'écrire autrement sur d'autres sujets que la cause indienne (quid des afro-américains par ex ?), le lucre, les bouleaux, la pleine lune et les paradoxes d'une société que
Paul Auster,
Russell Banks,
Paul Roth,
Brett Easton Ellis et tant d'autres, portent avec -amha- plus d'hyper-réalisme, de variété, de brio.
À lire néanmoins car
Une Odyssée Américaine ne laisse pas indifférent.