AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de EssyMix


Ce premier roman de Martha Hall Kelly m'attend depuis un bon moment dans ma pile à lire sans que j'aie trouvé le courage de m'y attaquer. Il faut dire qu'avec 660 pages et un thème aussi inhumain que celui de la Seconde Guerre Mondiale, ce n'est pas un livre simple à aborder. L'autrice dresse le portrait de trois femmes entre 1939 et 1959, dont les chemins marqués par la guerre vont se croiser malgré leurs origines éparses.

Caroline Ferriday est une ancienne actrice américaine, elle travaille maintenant au consulat français à New-York et s'occupe bénévolement d'une association caritative pour aider les orphelins français. Elle assiste impuissante depuis les Etats-Unis à l'émergence des conflits en Europe. A l'autre bout du monde, Kasia Kuzmerick est une jeune polonaise vivant à Lublin avec ses parents et sa soeur Zuzanna. Sa famille va subir de plein fouet les atrocités des Nazis. Enfin, Herta Oberheuser est une jeune médecin allemande qui va se rallier aux Nazis et rejoindre le camp pour femmes de Ravensbrück pour pratiquer des expériences sur les prisonnières.

Trois femmes que tout oppose. L'une est riche et vit en sécurité dans sa bulle new-yorkaise. La seconde est terriblement touchante et voit sa vie s'écrouler du jour au lendemain et va subir les pires supplices. Et enfin la troisième… que dire… les chapitres sur Herta sont oppressants, malaisants, comment peut-on se laisser embarquer par une idéologie et en venir à torturer impunément d'autres êtres humains ?

Le récit de Martha Hall Kelly est fort et percutant. Basé sur des faits réels, il met en lumière un aspect de la Seconde Guerre Mondiale pas forcément très connu, les expérimentations médicales menées sur les prisonnières de Ravensbrück, les « Lapins » : rien de moins que de la torture, des opérations sur des cobayes. Les récits de ces femmes sont bouleversants. L'autrice a su mêler avec brio réalités historiques et aspects romanesques. La structure du roman est efficace avec l'alternance des points vue entre les trois personnages principaux, et le suivi au fil des ans et des événements de la guerre. S'il est assez évident que Kasia et Herta ne tarderont pas à se rencontrer, je me suis longtemps demandé comment Caroline entrerait dans cette histoire.

Il faut saluer le fait que plusieurs aspects assez peu habituels dans ce genre de romans sont présents ici : d'une part, avoir une narratrice nazie, voir sa façon de penser, constater comment elle a pu tomber dans une telle abomination ; et d'autre part, montrer le retour à la vie normale après l'internement en camp de concentration : le retour est difficile, les plaies sont béantes, la liberté est encore mise en péril par les communistes… Enfin, avoir un point de vue extérieur depuis l'étranger, celui de Caroline, permet de se rendre compte de la difficulté à obtenir des informations sur la réalité de ce qui se déroule en Europe à cette époque-là.

Du côté des regrets, je trouve qu'il y a des longueurs, notamment dans les chapitres qui suivent la fin de la guerre, comme un moment de flottement pendant lequel on ne sait pas trop où l'autrice veut nous emmener. Je me suis aussi interrogé sur la pertinence du personnage de Caroline. Sa romance avec Paul, acteur français, ne m'a pas convaincu, même si elle permet de renforcer ses liens avec la France. On sent aussi que les chapitres sur Herta n'ont pas dû être simple à écrire ; s'ils sont détaillés en début d'histoire, ils perdent en consistance au fur et à mesure, ce qui créé un certain déséquilibre entre les personnages.

En conclusion, j'ai apprécié ma lecture mais ce ne fut pas non plus un coup de coeur. Les ingrédients nécessaires sont là, mais il manque un petit je-ne-sais-quoi…
Commenter  J’apprécie          60



Ont apprécié cette critique (6)voir plus




{* *}