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Critique de filippo


Certainement un livre que tous les marcheurs et philosophes sauront apprécier ! Au premier abord, l'idée semble bien saugrenue de réunir dans un même livre les thèmes de la marche et de la philosophie. Et pourtant, nous sommes tous marcheurs et nous sommes tous philosophes, souvent sans en être pleinement conscients.
Frédéric Gros, est professeur de philosophie et pratique la marche. Pour autant, l'auteur n'évoque qu'à de très rares occasions ses souvenirs de marche. Son récit est en fait un voyage dans le temps et dans l'espace. Et l'on découvre qu'au cours des siècles de grands penseurs ont souvent été de grands marcheurs.

Rousseau (XVIII°), par exemple, se lance à 16 ans dans de longs voyages à pied à travers la France. Ce sont des voyages heureux. « Jamais je n'ai tant existé que dans les voyages que j'ai fait seul et à pied » dira t-il. Ses interminables marches solitaires dans les sous-bois, loin du monde, vont lui permettre de découvrir en lui l'homme primitif, naturel, sauvage, innocent, heureux, bien loin de l'homme social plein de rancoeur, de haine, de méchanceté, de jalousie. Pour Rousseau, la marche, en effaçant les mauvaises pensées, est bonheur, bien-être, joie et calme.

Kant (XVIII° également) lui, ne quittera jamais sa ville natale de Königsberg. Sa vie était réglée comme du papier à musique. Tous les jours, que le temps fut beau ou mauvais, Kant partait pour sa promenade d'une heure pile, toujours sur le même chemin, toujours seul, en respirant par le nez, la bouche fermée. de toute sa vie d'adulte, l'histoire veut qu'il n'ait manqué que deux fois sa promenade quotidienne ! Marche monotone, régulière, inéluctable. Pour Kant, la marche est discipline, volonté.

Nietzsche (XIX°) trouvera dans la marche un exutoire à ses terribles maux de tête. de grandes marches, seul, sur des sentiers de montagne, tous les jours, jusqu'à 8 heures de marche par jour. C'est dans la marche que Nietzsche trouvera son inspiration pour écrire un de ses textes majeurs « Ainsi parlait Zarathoustra ». Pour Nietzsche, la marche est indissociable de la réflexion : penser en marchant, marcher en pensant.

Rimbaud (XIX° également) pratiquera la marche dès l'âge de 15 ans. Il traversera l'Europe à pied, toujours à pied, de Belgique en France, d'Allemagne en Italie, d'Autriche en Suède. Ses pas le conduiront jusqu'au désert, dans les montagnes du Harar. Il en mourra à 36 ans, terrassé par des douleurs atroces dans le genou. Pour Rimbaud, la marche est synonyme de fuite, de fuite en avant. Mais aussi de joie, de fatigue, d'épuisement.

Ainsi, ce livre nous fait découvrir les mille et une façons de marcher et ses mille et un effets bénéfiques. Chacun trouvera dans la pratique de la marche les bienfaits répondant à ses propres aspirations.
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