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Critique de Krout


Krout
15 septembre 2019
Je me plonge toujours avec autant de plaisir dans un Grisham. Pourquoi lis-je sinon pour approcher ce que je ne connais pas, peu ou mal, ou ce qui sans cesse se dérobe en fin de compte ? Il existe bien d'autres motifs louables de lecture mais celui-là explique ce plaisir renouvelé lorsqu'un de ses livres fini par tomber dans (et surement pas de) mes mains. J'ai vécu deux ans aux Etats-Unis et malgré cela j'ai toujours autant de mal à appréhender les Américains. Heureusement Grisham.


Dans L'allée du sycomore pas de folles poursuites, pas de combats à tours de bras, pas de meurtres à la pelle, et pourtant un thriller et intense suspense à la clé. Chez Grisham les effets de manches sont laissés au prétoire, non à l'écriture, et j'aime assez cette sobriété de style nous ramenant à l'essentiel : les caractères. Quelle bonne surprise pour moi de retrouver Reuben V. Atlee, juge du vingt-deuxième district de l'Etat du Mississippi, dont j'avais suivi la maladie et le suicide dans L'héritage. Coquetterie d'auteur ? Un suicide, un testament controversé, et une dispute digne de la famille Hallyday, les ingrédients sont les mêmes et … le sujet tout autre. 😉


« Quand j'avais le journal , vers 1975, un type avait publié un livre sur les lynchages, entre 1882 et 1968, trois mille cinq cents Noirs ont été lynchés aux Etats-Unis. » Je remercie Anette 55 d'avoir placé cette citation, qui m'a interpelée sans pour une fois que je note la page. C'est là que se trouve le coeur du propos : cette propension depuis le temps des cow-boys à une justice expéditive, et sous le soleil du Sud toujours l'ombre scélérate du clan, je veux dire le KKK.


Un peu déçu tout de même de cette fin trop « happy » à mon goût et de quelques rebondissements à la limite du crédible, mais les Américains restent de grands enfants. Imaginer que l'auteur fini par tirer les cheveux de son pendu, qui en est plutôt dépourvu, est ludiquement iconoclaste.


Il n'empêche L'allée du sycomore montre à voir une fois encore ses nombreux personnages se confrontant à quelques-uns des maux endémiques hantant l'Amérique. Ci et là je lis parfois des condamnations sans appel de Donald Trump, c'est oublier un peu vite que ce Président n'est en fin de compte que le produit d'une nation. Et c'est méconnaître les Américains plus que moi encore. Si je n'aime pas non plus Trump ni ses idées, je ne participerai pas à ce lynchage. Un lynchage médiatique reste un lynchage et la mécanique qui y abouti partage les mêmes viles racines, non je ne ferai pas partie d'un clan.


A celles et ceux que je choque ou que j'interpelle par ces propos je leur dis : lisez ce livre, lisez Grisham car voyez-vous non seulement il me rend proches les Américains mais surtout il me dévoile toujours un peu des vertus et des vicissitudes de l'âme humaine.
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