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Critique de Romileon


Le Wager est un vaisseau de ligne britannique. Il fait partie de l'escadre du commodore Anson chargé d'un mission secrète : s'emparer d'un galion espagnol empli de métaux précieux du Nouveau Monde.
Partie en 1740, l'escadre se délite au passage du cap Horn encore bien mal connu.
Le Wager, séparé des autres bateaux, se fracasse sur un rivage désolé de la Patagonie.
Les 150 hommes survivants ne sont pas au bout de leur peine. Ils ont déjà enduré la tourmente du passage de Drake le mal nommé puisque Drake s'est bien gardé de s'y aventurer, ont affronté le typhus, puis le scorbut. L'île sur laquelle ils ont échoué est battue par des tempêtes infernales qui n'en finissent pas, la température est glaciale et surtout, surtout il n'y a aucune ressource à manger hormis quelques berniques, du céleri sauvage et des algues.
S'appuyant sur une documentation impressionnante, David Gran relate l'aventure de ces hommes contraints pour beaucoup d'embarquer dans une expédition mal préparée, incapables de lutter efficacement contre les épreuves par manque de connaissances scientifiques, confrontés aux ambitions d'hommes prêts au sacrifice pour se faire un nom.
Dans un style très réaliste, soigné, David Grann fait le récit terrible du calvaire des naufragés en s'attachant particulièrement à quelques-uns. David Cheap est le commandant sûr de lui, un brin arrogant du Wager. John Byron, (le grand-père de Lord B) est un jeune enseigne de vaisseau de 16 ans féru d'aventures en mer. Enfin, John Bulkeley, le canonnier est un fin marin et un chef charismatique.
Leurs dissensions sur l'île, aggravées par la pénurie, nous sont exposées par le menu tout comme leurs calculs pour échapper à cette prison naturelle qu'est devenue pour eux ce lieu maudit.
C'est passionnant pour l'aventure incroyable vécue par ces hommes mais aussi pour les mille et uns détails qui truffent cette histoire extraordinaire (au sens strict), pour les réflexions sur la « fabrique de l'Histoire » lors du retour des survivants qui n'ont pas fini de s'affronter par le biais de journaux de bord, de témoignages rédigés par les uns ou les autres. L'auteur n'oublie pas non plus d'incriminer les faiseurs de guerre, politiques ou hommes d'affaires, en révélant les dessous des querelles avec les Espagnols, fruits de mensonges, afin d'accroitre la puissance anglaise ou tout bêtement leur portefeuilles en oubliant comme à l'accoutumée le prix exorbitant payé par les contribuables ou par les hommes à leurs folies.
Enfin, il porte un regard bienveillant sur les naturels de ces régions qui ont porté secours aux naufragés ou qui seront victimes d'une colonisation brutale censée leur apporter la civilisation.

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