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Critique de jcjc352


Après avoir fait la connaissance de l'inspecteur Mendez dans « La Dame de cachemire» il m'a semblé intéressant de le retrouver depuis ses débuts et donc dans ce « dossier Barcelone » il fait une apparition, une petite figuration très brève mais n'est qu'un élément de la narration. Toutefois le personnage est déjà tout créé surtout avec sa verve très crue et désabusée.
On s'attend à une enquête policière, certes elle est là mais tellement tordue qu'on ne la sent pas car perdue dans le contexte. En effet on débouche rapidement sur une analyse sociale, politique, économique de l'Espagne franquiste et les soubresauts post franquistes du pays.
le contexte historique et l'aspect politique est l'élément important de cette narration. La vie après le franquisme reste compliquée et l'intrigue policière n'est qu'un révélateur de tous ces problèmes
Après la chute du franquisme la fermeté des institutions partent à vau l'eau dans une pagaille anarchique Les affaires de banditisme sont recyclées, les attentats révolutionnaires des rouges et ou anarchistes en expansion aux quelles se mêlent les magouilles politico/policières et la chasse aux rouges

Une narration qui est menée de plusieurs manières différentes

Une partie vue par un avocaillon retenu pour dénouer une banale affaire de recherche en paternité qui va se trouver mêlé à des attentats de politiques et de policiers Confronté à la police, à sa cliente il va essayé de ne pas se faire phagocyter par son affaire et bien entendu faire, malgré le danger, son boulot.

Une partie explicative par des lettres du présumé père Ramón Masnou, fil de patron embringué philosophiquement dans une idéologie communiste.
Ici, dans cette confession épistolaire adressée à mademoiselle Esther Jou une amante potentielle, le contexte général de l'Espagne, l'ambiance politique de la petite entreprise de son père et les méthodes odieuses d'organisation du travail, les syndicats, ses liens avec un groupuscule évolutionnaire et amoureux y sont admirablement décrits..
Une analyse très pertinente de la classe ouvrière, des groupuscules estudiantins rouges politisés, du patronat et des affaires nauséabondes de banquiers et de l'immobilier en plein essor à Barcelone.
Une analyse en outre extrêmement désabusée et cynique de la condition humaine, de sa petitesse et de ses propres sentiments mitigés sur sa compagne, sa pensée politique, sa situation financière et son avenir.
Et tout ça est terrifiant!

Une partie rédigée par un communiste Ricardo Prado ami de Ramón Masnou sous forme de confession arrachée par le commissaire Lorente
Très instructive sur la pensée politique et sociale des révolutionnaires anarcho-communistes aigris et désillusionnés

Globalement mais en beaucoup moins dense cela m'a rappelé l'analyse de Corti dans son « cheval rouge » en Italie. Les conditions économiques, sociales et politiques y sont très semblables

Une intrigue policière quand même qui trouvera un épilogue bien noir et très peu encourageant pour l'avenir.

Très étonnant qu'on ne connaisse en littérature espagnole policière et politique que Manuel Vázquez Montalbán et que Ledesma soit quasiment inconnu et qu'il soit difficile de trouver des informations sur celui-ci. La qualité de l'analyse de l'Espagne des années franquistes et post franquistes mêlée savamment avec une intrigue policière et politique très réaliste est vraiment impressionnante. Il mérite nettement, d'être mieux connu car il est « cash » par contre peut-être peut on lui reprocher une narration assez salace sans nuance mais qui s'adapte toutefois parfaitement au contexte de sa narration.
Un livre difficile et très désenchanté.
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