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Critique de StCyr


StCyr
03 février 2024
Rites de passage est le volume inaugural de la Trilogie maritime, dernière des oeuvres publiées du vivant de William Golding. le narrateur principal en est Edmund Talbot, gentleman anglais," le pied mis à l'étrier" par un parrain puissant pour occuper un poste aux antipodes, c'est ainsi qu'il tient à son attention une sorte de journal de bord. Sur la foi d'un tel appui il s'en va - non pas chevaucher comme bien l'on pense, mais prendre place dans un voilier qui a connu des jours meilleurs. Sur ce qui fut un navire de guerre vogue un assemblage de personnes au pedigree assez hétéroclite cantonnés sur une partie du navire qui leur est dévolue en fonction de leur statut et de leur bourse. Les officiers sont sous la férule de l'irascible Capitaine Anderson très "à cheval" sur la discipline, trônant sur la dunette. Les gens "de qualité", outre Talbot et notamment : Mr Prettiman, un libre penseur fleurant son jacobin à des milles faisant la traversée avec une Miss Granham très sur son quant à soi, Mr Brocklebank gâcheur de toile de toile alcoolique et deux pièces rapportées du sexe féminin faisant office de famille, et last but not least, le digne mais trop sensible révérend Colley, se partagent des cabines exiguës et malodorantes, polluées par le remugle qui se dégage du sable et du gravier servant de lest dans les cales du rafiot. La valetaille, les émigrants, le commun des marins et la piétaille fourvoyée en mer se voient abandonnés à l'avant du navire. Un voilier de guerre, une longue traversée, un équipage aux situations plutôt antagonistes et pourtant! Point de tempête, ni de naufrage, nulle mutinerie ni piratage, William Golding met en place un savant huit-clos, jouant la carte des faux-semblants, où la narration de l'aristocrate Talbot trouve un contrepoint des plus troublant dans la lettre du clergyman Colley adressée à sa soeur.

Rites de passage est une fort habile mécanique narrative, évitant l'écueil du récit maritime exotique au vocabulaire par trop ésotérique, où le lecteur apprend à se défier des apparences. Comme dans nombre des romans du lauréat du Nobel de Littérature 1983, la barbarie est là, prête à sourdre du vernis de la civilisation. Un récit mené avec maestria, alliant chausse-trappes, humour anglais et pudibonderie. Un premier volume qui appelle irrésistiblement une suite.
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