Sait-on jamais ce que le passé nous réserve ?
Un huis-clos intéressant. Dans un hôtel, à Stockholm, en 1946. Lui, allemand, va recevoir
le prix Nobel de chimie dans les heures à venir. Elle, juive, physicienne, vient lui rappeler qu'elle aurait dû partager cet honneur avec lui.
le passé revient avec l'agréable rappel des connivences et l'amertume du souvenir de l'abandon. Elle est tenace, lui assez lâche, fuyant.
Très beaux dialogues et description quasi cinématographique du jeu des deux protagonistes. L'avantage, dans la discussion, passe de l'un à l'autre avec, finalement, une victoire "aux points" de l'ancienne complice du laboratoire de physique nucléaire.
Cette histoire est fondée sur des personnages ayant réellement vécu. L'auteur n'a changé ni leur noms ni les repères historiques avérés. Il s'est contenté, avec brio, de remplir les vides laissés entre les faits répertoriés.
Si cet exercice avait été proposé à plusieurs écrivains, il est certain que
Cyril Gely en serait sorti dans les tout premiers. L'art du dialogue et celui de la mise en scène sont ici fort bien servi, avec une économie de moyens qui renforce la mise en relief de l'explication décisive entre deux êtres ayant partagé en parfaite entente une trentaine d'années de recherches captivantes.
On ne sera pas surpris d'apprendre que
Cyril Gély est un homme de théâtre.
Voila une lecture "facile" car l'histoire qui nous est contée est bien construite, fluide et prenante.