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Critique de Ahenomartinusbarbus


La clarté de la pensée et du style, la hauteur de vue internationale, et l'action dont l'oeuvre nous porte encore (sécurité sociale, allocations familiales, retraite, enseignement supérieur, amélioration des conditions de travail, participation des salariés aux résultats de l'entreprise, programme nucléaire français...) quand si peu a été fait depuis et que l'héritage se dilapide aux 4 vents.

Et puis, à l'heure des agitateurs et des joueurs d'allumettes, à tous ces populistes bien pourvus, ces opportunistes de la pensée-unique, à ces grenouilleurs à la semaine aussi petite qu'ils ont l'ambition plus grosse qu'un boeuf, à ces ...-istes de tout genre, ce passage qui me revient souvent à l'esprit :

"Utilisant calculs et rancoeurs, ils ont pris sous leur coupe le « Mouvement national des prisonniers », qui entame la lutte contre le ministre Henri Frenay. Indépendamment des motions insultantes que le « Mouvement » publie dans les journaux et des discours que tiennent ses orateurs, il s'efforce d'organiser des manifestations aux points de rassemblement et dans les centres hospitaliers. Les cérémonies auxquelles donnent lieu le retour des captifs et, surtout, celui des déportés de la résistance lui sont autant d'occasions de faire paraître des équipes vociférantes. A Paris même, des cortèges sont formés, parcourent les boulevards, défilent avenue Foch sous les fenêtres du ministère des Prisonniers aux cris de : « Frenay ! Au poteau ! » Dans leurs rangs, marchent des gens qui revêtent, pour la circonstance, la tenue rayée des martyrs des camps de misère. Sans doute les rapatriés, dans leur immense majorité, ne prennent-ils aucune part à ces incidents scandaleux. Mais les meneurs espèrent que le gouvernement lancera la force publique contre les manifestants, ce qui excitera l'indignation populaire, ou bien que, cédant à la menace, il sacrifiera le ministre vilipendé. Quant aux autres fractions politiques, elles assistent à l'étalage de cette démagogie, sans fournir au pouvoir aucune espèce de soutien.

Pourtant, l'affaire est vite réglée. A mon bureau, je convoque les dirigeants du « Mouvement ». « Ce qui se passe, leur dis-je, est intolérable. J'exige qu'il y soit mis un terme et c'est vous qui m'en répondez. » — « Il s'agit, m'affirment-ils, d'une explosion de la colère justifiée des prisonniers. Nous-mêmes ne pourrions l'empêcher. » Je leur déclare : « L'ordre public doit être maintenu. Ou bien vous êtes impuissants vis-à-vis de vos propres gens ; dans ce cas, il vous faut, séance tenante, me l'écrire et annoncer votre démission. Ou bien vous êtes, effectivement, les chefs ; alors, vous allez me donner l'engagement formel que toute agitation sera terminée aujourd'hui. Faute qu'avant que vous sortiez d'ici j'aie reçu de vous, soit la lettre, soit la promesse, vous serez, dans l'antichambre, mis en état d'arrestation. Je ne puis vous accorder que trois minutes pour choisir. » Ils vont conférer entre eux dans l'embrasure d'une fenêtre et reviennent aussitôt : « Nous avons compris. Entendu ! Nous pouvons vous garantir que les manifestations vont cesser. » Il en sera ainsi, le jour même."
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