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Critique de koalas


koalas
12 décembre 2015
Quand on a une vie intérieure, on a forcement une double vie.

Marco devenu complètement miro et mutique vit claquemuré dans un asile de dingos. Les visites éclairs pragmatiques de sa soeur Odile et de son beauf François le laisse de marbre. Il se sent plus à l'aise avec ses congénères. Chaussé de ses énormes lunettes qui lui donnent un air batracien, Mario, guidé par l'infirmière Mireille, est étrangement attiré par le fleuve...Petit à petit des souvenirs remontent à la surface et en vrac...un gros lot lourd à porter, un chien qui traîne de l'arrière train et qui pue vachement, un lavomatic magnétique , un mariage, une poissonnerie, une Alsacienne, un pot de chambre, un flingue...Sa vie quoi...

Comme dans ses autres romans, La place du mort, Les insulaires, Trop près du bord, Pascal Garnier suit le destin de ces êtres invisibles, fragiles, simples mais pas simplets qui se laissent déborder, emportés par le flux de la vie...L'histoire de Mario commence à rebours, dans le brouillard, dans le flou de ces binocles à doubles foyers embuées pour remonter doucement à la source de ses maux ou plutôt de nos maux...

Pascal Garnier a un un faible pour les désemparés, ceux qui sont à coté de leur pompes et qui bottent en touche. Marco fait partie de cette catégorie palourde qui gobe les mouches et regarde tourner sans fin les hublots embués des lavomatics, qui s'entiche d'un chien qui pue monté sur roulette, et qui parle aux inconnus sans apriori...Les autres personnages sont souvent touchants comme Henri, un drôle de voisin de table goinfre qui en perd son dentier, Mireille l'infirmière, une sorte d'abeille qui ne voit plus du même oeil sa vie de ruche, une Alsacienne bougonne dingue d'un foutu chien, Bashir, le patron du chic lavomatic, sauf ses proches qui ont plus le sens des affaires que de la famille.
Un roman poétique, mélancolique, débordant de flux, d'humour noir. L'auteur a l'oeil tendre pour les rescapés de la vie et pointe d'une plume caricaturale mais tellement juste la violence quotidienne, la mesquinerie, l'avidité, la médiocrité et la bassesse du genre humain.

Un roman noir pas si fou qui commence dans le flou le plus total et qui finit dans le flux le moins banal.

Pascal Garnier, une sacré pointure du noir.
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