AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de liliterre


P***N !!! Quelle claque !!!! Jamais je n'aurais été, de moi-même, acheter ce livre. Jamais je n'ai autant voulu remercier Babelio et les Editions Lattès pour cet envoi. C'est un roman qui peut toucher « une large audience », plus grande que celle qu'espérait Pone à priori !

Pone nous enjoint, à un moment de son autobiographie (écrite au moyen de ses pupilles qui font office de souris dans un logiciel spécifique), de ne pas « jouer aux cons » et d'exhorter nos proches à acheter son livre. Il explique cette volonté par le fait qu'il n'a quasiment jamais connu l'échec (à part une fois) et que ce n'est pas le moment de commencer ! Je vais expliquer différemment pourquoi je l'écouterai, pourquoi, dès lundi, je parlerai de cette pépite à mes élèves de troisième (pour lesquels le genre autobiographique est au programme ; j'aimerais d'ailleurs que « Un peu plus loin » cartonne et sorte en poche afin de suggérer cette lecture édifiante au plus vite à nos ados qui se plaignent souvent un peu trop facilement et baissent si facilement les bras face à la difficulté!!!)

J'y reviens : pourquoi je dirai à tous de lire ce récit de vie ? D'abord parce qu'il nous fait vivre les montagnes russes !!! On rit, on pleure, on se dit « quel gamin ! » puis « ouah ! le mec !!! » …
Une des choses que j'ai le plus appréciée, c'est d'avoir l'impression d'être proche de Pone (que je ne connaissais pas vraiment, si ce n'est pas le biais des « Bad Boys de Marseille » !!) ; il nous parle, fait de petits apartés pour nous expliquer certains mots, pour nous dire que oui, ils ont un peu fraudé à quelque moment, que oui, on sait bien compter et que vu sa liste d'invités au voyage, ça ne pouvait pas rentrer dans la voiture de façon réglementaire… « Voilà voilà » !). J'ai trouvé que Pone avait beaucoup d'humour (l'appel à la prière en Egypte, jugé « spatial » par Armstrong, « et il s'y connaissait en genre spatial !!! »…).

On vit, dans ce récit, toute une époque, toute une ambiance ; certains propos nous expliquent le fonctionnement des quartiers ainsi que du milieu artistique. Des événements restés un peu obscurs nous sont révélés, tels que la brouille avec IAM, le feu dans la ville de Marseille à la veille de la finale de la coupe du monde… On a ainsi le sentiment d'entrer dans la confidence.

Je m'estime inculte en rap, hip-hop ou même tout autre style musical ; j'ai postulé pour cette masse critique parce que j'étais intéressée par l'aspect autobiographique et par la maladie qui touche Pone. Alors, certes, à certains moments, je me sentais un peu perdue : de nombreux noms inconnus pour moi mais jugés légendaires apparaissent, un certain lexique me créait parfois des obstacles (une galette, un EP, un sample…). Mais en même temps, j'ai été embarquée ! Totalement !

J'ai adoré la sincérité avec laquelle Pone écrit. J'imagine déjà certains qui, en lisant ce roman, se diront « Ah mais c'est lui qui m'avait payé avec de faux billets ! », « Ah mais je me souviens de ce petit jeune qui m'a pris pour un lapin de trois semaines !!! », « Ah mais je sentais bien que l'affaire était pliée avant même que je m'assoie ! » … J'imagine les inspecteurs des impôts qui découvriront l'histoire des factures de croquettes… J'en ris sous cape !!! Ah ! cette fameuse prescription !... « On en parle ou pas ? » On comprend bien que Pone est au-delà de cela, après ses dernières « aventures » !!! J'ai apprécié le recul qu'il prend avec les événements (« cela est ma vision, elle n'engage que moi, il faudrait demander la version d'untel », « j'ai dû demander à ma femme d'appeler X pour vérifier si c'était bien ça » …). Cette proximité qu'il instaure avec son lecteur, il l'installe même de façon stupéfiante sur la fin : ceux qui ont déjà fini le roman me comprendront certainement. du coup, on a envie de franchir le pas et en même temps on n'ose pas !

Allez, quelques petits reproches puisque la prise de recul, c'est pas mal (mais celle-ci n'entachera pas mes cinq étoiles !!!) : Pone dit souvent que tel événement a fait basculer sa vie, que telle personne est inspirante… Un peu trop à mon sens. Mais quel détail !!! On s'en fout, en fait ! Une autre chose, qui peut déstabiliser, mais qui en même temps fait le charme de ce récit, qui favorise l'effet « discussion avec un pote » : les transitions ! Même sa femme, à ce que j'ai compris, les lui reproche : on passe d'un événement à un autre, d'une époque à une autre… Néanmoins, de ce fait, c'est un texte vivant !

J'étais partie dans ce roman, intéressée par l'accident de vie que constitue le SLA, pas pour qu'on me retrace l'ascension de l'artiste. Et sur le coup, j'ai été un peu frustrée, parce que les 4/5ème du livre portent sur la carrière de Pone. Et finalement, c'est très bien comme ça ! D'une part, parce que la partie maladie est lourde moralement (oui, heureusement que le soleil a refait son apparition pour que je chausse mes lunettes et que je cache les larmes qui coulaient malgré mes efforts de retenue !). D'autre part, parce que Pone explique le plaisir qu'il a eu à raconter sa vie d'avant, au contraire de la souffrance qu'il ressent à « repasser » par les événements depuis 2015. Et dans la même veine, même si j'ai été scotchée par la ténacité de l'homme et de son épouse dans les épreuves, même si cela m'a intéressée au plus haut point, j'ai finalement pris plus de plaisir dans la légèreté première… Et je lirais avec plaisir les 72 recettes que Pone a concoctées (mais qui ne sont malheureusement pas parues ; cela peut être un prochain projet ! 😉) !!!

Dernier point : ce roman m'a chamboulée et m'a amenée à m'interroger. Alors que la question de fin de vie « digne » est remise sur le tapis, alors que je pensais qu'il était inutile de s'acharner, Pone m'a fait changer d'avis. Si, en 2017, sa femme et lui n'avaient pas persévéré dans leur « projet de vie », s'ils n'avaient pas campé sur leurs positions, en opposition avec le corps médical, certains titres musicaux n'auraient pas vu le jour, certains infirmiers ne seraient pas formés grâce à Trakadom, certains malades et aidants ne trouveraient pas le soutien que peut apporter ce merveilleux roman, ne trouveraient pas d'informations sur le site « la SLA pour les nuls » lancé par Pone… Quand je repense au « coût sociétal » évoqué par la docteure des urgences, je me dis que notre société y a gagné, bien au contraire !!! Je ne saurais comment exprimer mon admiration, tant pour Pone que pour sa femme. Ils font partie de la catégorie des héros.
Commenter  J’apprécie          110



Ont apprécié cette critique (8)voir plus




{* *}