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Critique de Aderu


Aderu
17 février 2022
Un autre titre de cet essai aurait pu être : La Foire aux anathèmes.
Sébastien Fontenelle expose les contradictions de ces nombreuses personnalités persuadées qu'on "ne peut plus rien dire", alors qu'elles sont de celles qui bâillonnent, écrasent, humilient en permanence.

Spécialiste de l'éditocratie, il fustige avec force tout le vocabulaire fantasmagorique, mais bien délétère, qui se répand au-delà de l'extrême-droite, à mesure que les digues sautent.
"cancel culture", "wokisme", "islamogauchisme", "censure" et même "lacrymalocratie"
Sébastien Fontenelle reprend le bréviaire de l'extrême-droite pleurnicharde pour démonter un à un tout ces totems contemporains.

Exemple.
Qui en France se réclame du wokisme ? Personne, c'est une dynamique étasunienne, que ses contempteurs ici dédaignent comme étant une importation... étasunienne, qu'elleux donc importe. Ridicule exemple parmi tant d'autres.

Le point central du livre est de rappeler qu'il y a en France des propos qui sont interdits par la loi. Qu'un candidat à la présidentielle le regrette, tant pis pour lui - et mieux pour nous -, mais c'est ainsi.
Vouloir limiter les épandages de haine et de mépris envers des groupes, ce n'est pas de la censure.
Comme le rappelle par ailleurs l'auteur, comment crier à la censure quand on a un accès permanent à nombre de médias ? C'est le couplet victimaire classique... de la part de personnes qui fustigent et vomissent les victimes, la libération de leur parole, le libre témoignage de leurs expériences.

Un livre qui agit comme un phare dans le brouillard de l'enfumage permanent d' une clique hétéroclite de marchands de haine.

La nausée vous prendra parfois dans cet étalage de billevesés. Heureusement, Sébastien Fontenelle se limite aux vingt dernières années - à quelques exceptions près. Heureusement, car la liste des déclarations ou écrits est déjà lourde à digérer.

Exemple.
Je pense notamment à l'un des fils rouges du livre : le discours sur les jeunes, notamment les jeunes filles.
La tête tourne à la lecture tendre et amusée du compte-rendu d'un livre de Gabriel Matzneff par Jean d'Ormesson dans les années 90. Puis viennent les années du scandale. Pour lui, pour Roman Polanski, pour Olivier Duhamel. Et en filigrane le même sinistre sire qui se détache : Alain Finkielkraut. Pour lui, les jeunes victimes de ces prédateurs n'étaient plus des enfants, il faudrait s'interroger sur l'éventuelle réciprocité, etc. Bref, n'infantilisons pas ces enfants.
Puis surgit Greta Thunberg. Et là, les convictions s'écroulent sous les (légers) coups de boutoir des intérêts stratégiques et idéologiques : mais enfin qu'est-ce donc que cette enfant manipulée ! Elle est incapable de penser par elle-même. le comble ? Elle est plus âgée que les victimes précédemment évoquées.
Des contorsionnistes de haut-niveau qu'on vous dit !

Sébastien Fontenelle, dans une langue élégante, renvoie dans les cordes toute la cohorte des "boutefeux", contempteurs de cette nouvelle génération, qui arrache du temps et de l'espace de parole grâce aux nouvelles technologies.
La peur doit changer de camp ? Vu comme ils s'agitent en face, le mouvement est en cours. Mais les crocs restent affûtés, et prêts à tout.

Une lecture accessible, claire, mordante, édifiante. Et même nécessaire.
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