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Critique de Andarta


« Ce qui me semble beau, ce que je voudrais faire, c'est un livre sur rien, un livre sans attache extérieure, qui se tiendrait de lui-même par la force interne de son style, comme la terre sans être soutenue se tient en l'air, un livre qui n'aurait presque pas de sujet ou du moins où le sujet serait presque invisible, si cela se peut. Les oeuvres les plus belles sont celles où il y a le moins de matière. »
Voilà ce que voulait accomplir Flaubert. Avec « Madame Bovary », on y est presque. le roman parle de la vie provinciale désespérément ennuyeuse d'Emma Bovary, loin des fastes de la capitale et des aventures romanesques dont elle rêvait jeune fille. Au lieu de palpitantes romances, la voilà mariée à un médecin, manquant totalement d'ambition et surtout limité et simple. Même en ayant deux liaisons, qu'elle investit aussitôt en grands sentiments épiques, rien ne répond à son désir. Emma rêve de grandeur, rêve de péripéties rocambolesques, de dangers et de prises de risques. Au lieu de cela, elle vit une vie ordinaire à pleurer, où rien ne se passe, engluée dans une petite commune où tout le monde se connaît ou presque, s'envie et s'enlise.
La douleur de cette frustration, de cette vie pathétique où seule sa fille met quelques touches de couleur finit par la briser. Les dettes l'achèveront. Ironiquement, même sa mort, où elle imite de grands personnages en s'empoisonnant, sera affreusement loin de ce qu'elle imaginait, coincée entre la laideur de la souffrance et l'horreur de sa solitude, puisque même son mari l'insupporte.
J'avais lu ce roman au collège mais il m'avait tellement marquée que je l'ai relu plusieurs fois à quelques années d'intervalle et il produit toujours le même effet sur moi : beaucoup d'émotion pour Emma, cette âme perdue par les « romans » lus durant sa jeunesse au couvent, et une réalité du XIXe facilement transposable de nos jours… Il existe toujours des Emma, des Charles, des Homais, des Rodolphe et des Léon… Il y aura toujours un gouffre entre les rêves et la vie quotidienne, entre la fiction et la réalité… Une jolie leçon que nous donne ici ce monument littéraire, dans un style impeccable et dur.
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