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Critique de Diabolau


En 1870, Victor Barthélémy, Niçois, garibaldien et républicain convaincu, s'engage dans l'armée pour bouter le prussien hors de France. À la faveur d'une mission, il se retrouve assiégé dans Paris et, au moment de l'insurrection de la Commune, il refuse de tirer sur le peuple.
Amélie, domestique niçoise au service d'une vieille bourgeoise abusive, rêve chaque jour devant le tableau peint par Joseph Constant, héros du premier tome, qui représente une scène de harem, mais qu'elle idéalise naïvement comme un rêve de liberté et d'oisiveté.
Alors que ces deux oiseaux-là ne s'étaient que brièvement entrevus, ils vont s'accrocher l'un à l'autre pour fuir la France vers l'Algérie, chacun pour ses propres raisons.
Quel plus beau coup de génie pour un artiste de l'image comme Ferrandez que de faire le lien entre les différents battants de sa grande fresque en utilisant comme liant... un tableau ?
Naturellement, ce grand rêve, animé par une histoire d'amour aussi improvisée que réelle, et encouragé par des cascades de promesses grandiloquentes de la part du pouvoir en place, va comme on s'en doute se fracasser sur la réalité du désert de Kabylie.
Ce deuxième tome m'a semblé nettement plus convaincant que le premier, sur le plan graphique comme sur celui du scénario. C'est probablement l'histoire de beaucoup de colons européens, sur tous les continents, de l'Indochine au Far west en passant par l'Amazonie, le Maghreb et l'Océanie : le gouffre entre les promesses et la réalité, et la terrible déconvenue qui s'ensuit, bien souvent sans possibilité de retour. Un statut social qui ne s'améliore finalement pas, des difficultés matérielles à n'en plus finir, des ennuis sanitaires sans fin, et des indigènes forcément pas très jouasses de se faire virer de leurs terres et remplacer par des étrangers, qui "curieusement" ne mettent pas beaucoup de bonne volonté à servir les "roumis"... alors on fait appel à l'armée qui réprime, tue, brûle, pille... ce qui accentue la colère autochtone, et ainsi de suite, l'engrenage.
C'est l'histoire de dizaines de milliers de colons, mais tellement bien racontée et avec des personnages si vivants que le propos de Ferrandez devient ici universel.
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