AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Allantvers


"Ayez pitié de l'être accablé; cette souffrance vagabonde
Peut nous rendre visite, à vous et à moi."
Parmi les nombreuses épigraphes qui jalonnent cette vaste fresque provinciale, en voici une que chacun des habitants de Middlemarch mis en avant dans le roman pourrait prendre à son compte, aussi vrai que tous subissent tour à tour coup du sort ou du destin : qui pour un mariage malheureux, qui pour une filiation difficile, qui pour un passé qui le rattrape.
Et pourtant les êtres forts ne manquent pas dans ce petit village aux moeurs corsetés de Middlemarch, à commencer par la pure Dorothea, mal mariée au poussiéreux et pervers savant Casaubon, et dont la beauté lumineuse éclaire en creux celle de la sombre et égotiste Rosamond, qui elle-même fera le malheur du fougueux Lysgate, médecin hors normes que le corps social conservateur de Middlemarch n'aura de cesse de chercher à rejeter. Entre ces eux femmes, Ladislaw le mal-né cristallisera toutes leurs espérances décues, avant de parvenir à sortir par le haut.
Ajoutons un banquier véreux, des aristocrates accrochés à leurs conservatismes, une ridicule tentative de carrière politique lamentablement avortée par l'un d'eux : George Eliot se fait plaisir à croquer avec une ironie mordante ce petit monde étroit où les grandes âmes peinent à se déployer, tout en couvant ses personnages d'une plume pleine de verve, d'empathie et de hauteur de vue, avec une tendresse particulière pour la famille Garth qui, positionnée moins haut dans l'échelle sociale du village, échappe aux carcans moraux qui régissent la vie des autres.
J'ai pris un immense plaisir à dévorer en trois jours, canicule aidant, ce gros roman à l'intrigue simple mais palpitante et à plonger dans l'analyse ciselée comme une dentelle de l'évolution de chaque personnage en prise avec son époque et ses sentiments. Magnifique classique!
Commenter  J’apprécie          404



Ont apprécié cette critique (37)voir plus




{* *}