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Critique de fbalestas


Ce livre était bien censé me plaire – et cette intuition s'est bien confirmée.

En 2018 j'étais dans une clinique pour une opération chirurgicale et je découvrais « L'invention des corps » dans ma chambre d'hôpital : coup de coeur pour ce livre brillant.
J'ai lu ensuite « le grand vertige » et me voilà en 2023 en pause – ce qui me permet d'ouvrir « Variations de Paul » sereinement.

Paul, le personnage principal, a une caractéristique très particulière, il est synesthète, c'est-à-dire qu'il voit des couleurs lorsque il entend de la musique – j'ai appris depuis que près de 4% de la population serait concernée par ce phénomène, et particulièrement les gauchers, par l'une des 80 formes de synesthésie repérées. Baudelaire, Rimbaud, Matisse, Nabokov, Van Gogh, mais aussi de nombreux compositeurs comme Olivier Messiaen par exemple.

Paul, lui, naît à Lyon. On va apprendre au fur et à mesure quels ont été ses parents- Antoine le pianiste dans l'âme qui séduira sa femme Sarah – puis le secret de sa naissance (il a échappé de justesse à la mort à sa naissance) et son enfance pendant laquelle il baigne dans les sons et la musique dont il est totalement fou, dans tous les sens du terme.

L'Angleterre et ses musiciens qui révolutionnent les années 70, New York avec son ami Casey et le Jazz, Paris avec Eva, son grand amour : tout est prétexte à absorber des sons, à découvrir des talents, à flairer le génie musical où qu'il se cache. Il faudrait pouvoir lister tous les musiciens dont il parle, mais fort heureusement Pierre Ducrozet a prévu une « Play list » à partir de la page 459, avec un bonus, comme dans tous CD qui se respecte : il suffit de flasher sur le QR Code de la page finale pour avoir accès aux titres dont il parle.

Citons en juste quelques-uns. Paul sera au concert de Jimi Hendricks en octobre 1967. Il découvrira Lou Reed, Jim Osterberg à ses débuts - plus connu pour moi (j'avoue ne pas avoir reconnu ce nom) ensuite sous le nom d'Iggy Pop – Thelonious Monk, mais il faudrait tous les lister et c'est à un véritable répertoire ou inventaire musical des années 70 à ce jour auquel se livre Pierre Ducrozet et il est brillant !

Mais ce n'est pas tout.

« Variations de Paul », c'est aussi sa fille Chiara, qu'on suivra de Paris à Berlin, qui mixe l'héritage paternel pour devenir … D.J. Et aussi son fils Léo, qui a du mal à trouver sa voie, et que Paul emmènera avec Chiara dans une scène finale sous forme de feu d'artifice dans le décor de l'île de beauté après un passage étonnant auprès d'une Chamane qui va les aider à se réparer

Pierre Ducrozet écrit avec brio, virtuosité et maestria, et nous entraîne à sa suite dans un maelstrom de sons – un véritable tourbillon.

C'est presque trop. 457 pages pleines de fougue et d'élan m'ont donné le vertige, pour reprendre un terme de son autre roman que j'ai chroniqué en son temps, « le grand vertige ». Paul aussi, régulièrement, meurt et ressuscite, son coeur cessant de battre quelques instants et redémarrant quelques minutes plus tard. On aspire presque au silence …

Mais le savoir-faire de l'auteur ne fait pas de doute.
Je referme « Variations de Paul » un peu ébouriffée, avec l'impression d'avoir parcouru une histoire musicale de la fin du XXème siècle pied au plancher, des sons plein la tête, et avec l'envie d'aller fouiller dans mes vieilles malles pleines de CD – avant d'entamer une cure de silence méditatif qui me permettra de digérer ce grand récit - un véritable morceau de bravoure que je vous recommande.
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