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Critique de Laureneb


Un récit dans le récit, un conte philosophique, une parabole religieuse, un roman d'anticipation façon dystopie ? Il est difficile de qualifier le genre précis de ce texte, mais là où j'ai pu hésiter à le caractériser, mes impressions de lecture ont été si fortes que j'ai voulu faire une critique à part du Grand Inquisiteur, alors que je suis en train de lire les Frères Karamazov et que je n'ai pas encore achevé ce roman.
Le Grand inquisiteur s'inscrit dans les Frères Karamazov pour sa thématique religieuse, christique, les débats entre les personnages sur la foi, l'Eglise et ses prêtres ou moines, l'athéisme et le socialisme.
Et, avec mes références contemporaines, j'y ai lu une dystopie : le plan de l'Eglise pour asservir le peuple. Un des personnages nuance d'ailleurs la description faite en expliquant qu'Ivan parle de l'Eglise catholique de Rome, et plus précisément des Jésuites au XVIème siècle en Espagne au temps de l'Inquisition, pas de l'Église orthodoxe russe ; on retrouve d'ailleurs une thématique présente dans de nombreux romans historiques du XIXème siècle, celle du complot jésuite - je pense notamment au Vicomte de Bragelonne. Mais ce plan, ce complot, a des accents orwelliens, le Grand Inquisiteur pourrait être Big Brother - ou un représentant de la société de la surveillance et du contrôle décrite par Michel Foucault dans Surveiller et punir. Mensonge, manipulation de la vérité - fake news dirait-on à notre époque, accès à l'abondance ou à la société de consommation... j'ai conscience que ces notions sont anachroniques, mais j'ai vraiment interprété ainsi le discours du Grand Inquisiteur. "La guerre c'est la paix, la liberté c'est l'esclavage, l'ignorance c'est la force". Ces slogans de 1984 pourraient être la version sans Dieu des totalitarismes du XXème siècle de ce discours du XVIème siècle. L'Inquisiteur le dit, bientôt il n'y aura plus besoin de Dieu, de Christ, voire de religion pour asservir les masses. Et le pire, dans cette vision très sombre de Dostoïevski, c'est qu'il n'est pas ironique, et croit vraiment agir pour le bien du peuple, autre martyr qui se dévoue pour le bien des autres, car lui, seul ou presque, connaît la vérité.
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