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Critique de Alfaric


Comment faire du neuf avec du vieux, du moderne avec de l'antique ? Il y a tellement de pepla mythologiques de moyenne facture, qu'en lire un bon ça fait du bien !
Le duo formé par Jean Blaise Djian et Olivier Legrand a tout compris : le premier apporte sa longue expérience de scénariste de BD, le deuxième apporte sa longue expérience de rôliste. L'univers, l'histoire, les personnage font sens car il ont été préparés et travailler, du coup révélations et explications font sens également car tout était prévu du début à la fin dès la réalisation de la première page : ah ça on est loin de ces satanés auteurs jardiniers qui improvisent leur récit en fonction de leurs humeurs du moment... Pour ne rien gâcher, Nicolas Ryser qui officie aux dessins et aux couleurs réalise un travail très soigné peut-être inspiré du fabuleux style graphique de l'immense artiste italien Enrico Marini !
Mais qu'est-ce que cela raconte ? Il était une fois un temps où les dieux ne communiquaient plus avec les hommes. Livrés à eux-même humains et non-humains se livrèrent alors massivement au meurtre et au pillage, car dans un univers où l'ordre est principalement garanti par la peur du châtiment divin, un monde sans dieux est un monde sans loi !
Les dieux offrent néanmoins une dernière et unique chance d'échapper au chaos éternel : les dieux reviendront parmi les hommes quand l'orbe du monde sera retrouvée... C'est ainsi que se forme une communauté d'aventuriers qui part en quête de Jason de Thessalie, du navire Argo et de la lointaine et mythique Hyperborée, et pour le meilleur et pour le pire les dieux ont des plans les concernant !
Chapeautés par un Jason devenu misanthrope et schizophrène car après avoir tout gagné il a tout perdu, qui emprunte quelques unes de ses répliques au Conan de R.E. Howard et au Druss de David Gemmell ^^, nous suivons Leitos le prince déshérité, Skarra l'amazone brisée et Eurymion l'aède blasé, rejoints ensuite par Borbos le satyre, Nessia la sorcière et Manaos la version préado de l'Aquaman de DC comics : oui nous sommes bien dans une peplum mythologique qui emprunte aux aventures d'Héraclès, Persée, Thésée et Ulysse, mais aussi dans un univers qui tient autant de la dark fantasy que du western crépusculaire et qui est hanté autant par des démons et des merveilles que par d'indicibles créatures lovecrafiennes ! Oh Yeah !!!


Ce tome 1 intitulé "Le Silence des dieux" est un tome d'exposition principalement centré sur le recrutement de la nouvelle communauté de l'Argo. A la cour d'un roi sans nom dans les jours semblent comptés, les dieux lancent la quête dont la résolution doit rétablir l'ordre et la paix dans le monde... Mais comme tous les crevards qui ne parlent que de noblesse et d'honneur n'attendent que la mort du roi pour devenir calife à la place du calife, c'est les parias qui partent à l'aventure pour sauver le monde !
Cynocéphales, centaures, foule déchaîneé, créatures diverses et variées... Skarra retrouve sa liberté et sa fierté, Leitos retrouve confiance en lui malgré son infirmité, Eurymion retrouve l'espoir d'un monde meilleur. Borbos apporte une dose de comique, notamment en usant d'un Gambit de Dieu fort réjouissant, et Nessia apporte un élément tragique car aimée par Leitos et détestée par Jason... Jason qui confond parfois le passé et le présent, le rêve et la réalité, voit en elle la belle et troublante Médée, la bimbo Art Déco qu'il a aimé avant de haïr et de maudire*. Notez que sa relation entre Nessia et le fils éthéré de Borée est assez proche de la relation entre Armandra et Ithaqua dans "Le Démon du vent", l'hommage de Brian Lumley à H.P. Lovecraft. L'espace d'un bref instant Jason caresse l'espoir de retrouver un fils en la personne de Manaos l'enfant de la néréide Tanis, sans s'apercevoir que peu à peu Leitos le voit comme un père... To Be Continued !
Je ne met pas 5 étoiles parce que je n'ai pas adhéré à tous les choix ultérieurs des auteurs, mais c'est bel et bien un coup de coeur (et pas seulement parce que Jason est l'un des personnages principaux du roman de Fantasy que je m'échine à écrire ^^)...

* Je m'insurge : ici comme ailleurs on accuse la magicienne Médée d'avoir tué ses propres enfants pour se venger de Jason qui l'avait trompée et bafouée, mais cette version du mythe est minoritaire et très tardive dans la littérature antique... Dans les premières versions c'est les Corinthiens qui tuent les enfants de Médée jugés impurs parce que leur mère est étrangère, intelligente et strong independant woman... D'ailleurs jusqu'à la destruction de Corinthe en -146, 14 garçons et filles devaient servir dans le temple d'Héra pour réparer le meurtre des 14 enfants de Jason et Médée ! Salaud de littéros qui ont colporté des conneries machos !!!
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