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Critique de mumuboc


J'ai lu ce court roman avec curiosité et aussi suite au coup de coeur des Lectures d'Antigone : Trois fois la fin du monde….. Je ne comprenais pas trop mais à la lecture du résumé cela m'a interpellé. Passer du monde carcéral au monde libre dans la nature : un choc sûrement.

Joseph découvre la prison en même tant que la douleur de perdre son frère, son mentor, ce grand frère qui était sa seule famille. Désormais il est seul au milieu de voyous, de clans, dans des cellules où règnent la loi du plus fort, du plus puissant, de celui qui a le plus de pouvoir sur les autres détenus. Il va connaître l'isolement au milieu des autres, la saleté, la perte d'intimité.

Il n'était pas préparé à cela : les humiliations des fouilles, l'attente et l'espoir d'une visite, le sentiment d'injustice suite à la mort de son frère, la perte de repères.

La description du milieu carcéral est parfaitement rendue : étouffante, crasse et violence sont omniprésentes.

Une découverte qui tourne au cauchemar.

Une catastrophe intervient. On ne sait rien sur son origine, il n'est question que de radiations. Peut-être une catastrophe nucléaire, mais la nature est préservée, non contaminée, et Joseph va se retrouver seul, isolé dans la campagne, sans âme qui vive, sans électricité. Personne n'a survécu que lui pense-t-il sauf peut-être plus loin, ailleurs. Il va falloir à nouveau qu'il s'adapte à un nouvel environnement : passer de la prison à la totale liberté, du désoeuvrement à l'activité intense, planifier, réfléchir pour trouver une solution à chaque difficulté ou problème.

Tout est à portée de mains : grandes surfaces, réserves de nourriture dans les habitations. Il n'y a qu'à se servir mais il faut penser à long terme…. Et cela suffit-il à son bonheur ?

C'est la partie que j'ai préférée : peu à peu Joseph va devenir un Robinson. Il va réapprendre les gestes des premiers hommes.

Il a du travail. Beaucoup de travail. Mais tout s'accomplit en son temps. C'est un homme couvert de temps. (p117)

Mais l'homme n'est pas fait pour vivre seul et il va avoir besoin de trouver son Vendredi.

L'écriture est précise, concise, chaque sentiment est parfaitement décrit. On se glisse dans le personnage de Joseph qui pénètre à chaque fois dans des mondes qui lui sont inconnus : prison, nature. L'homme a d'innombrables ressources. Retrouver de vraies valeurs, trouver le bonheur, la sérénité, le sentiment du travail accompli voilà ce que Joseph va trouver. Mais cela suffit-il au bonheur ?

Où se trouve le paradis, l'a-t-il trouvé ?

Il s'agit presque d'un roman philosophique : le monde, notre monde peut basculer à tout moment, passer d'un univers à l'autre, comment nous y adapter, comment parvenir à y vivre. Nous pouvons transposer dans beaucoup de situations ce basculement que l'humain peut connaître (peut-être pas dans des formes aussi extrêmes) au cours de sa vie. Ne jamais croire que tout est définitif, la pensée de l'homme évolue comme les besoins. Vivre seul rend-il plus heureux, l'enfer c'est les autres mais peut-on se créer un paradis et y être heureux, cela suffit-il ?

Sophie Divry ne donne pas de réponse : elle nous laisse y réfléchir, faire le cheminement avec Joseph comme Robinson l'a fait avant lui, vivre totalement seul est-il préférable pour se préserver de la folie des hommes.

Est-ce que l'enfer c'est les autres, la société ? Peut-on vivre en ce passant des autres ?

J'aime beaucoup quand un (ou une) auteur parvient de façon concise, limpide à exposer un sujet de réflexion profond. On ressort d'une telle lecture avec des envies de retrouver de vraies valeurs, un retour aux sources.

C'est une jolie découverte sur un thème déjà exploité mais transposé dans notre monde complexe basé sur la possession, le pouvoir.
Lien : http://mumudanslebocage.word..
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