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Critique de Zephirine


Curieuse de découvrir ce premier roman d'une jeune auteure belge qui a reçu de nombreux
Prix littéraires dont le prix Victor Rossel, j'ai acheté le roman.

L'histoire est sombre, cruelle souvent, elle s'apparente à un roman initiatique, un conte cruel ou la fée ne tient pas ses promesses et où l'héroïne n pourra compter que sur elle-même.
L'héroïne, justement, parlons-en : une gamine au tout début de l'histoire, dix ans avec, chevillé au corps, un désir de liberté très vif. Elle a une maturité de grande et un regard très critique sur les adultes. Il faut dire qu'elle n'est pas gâtée, la gamine, côté famille : une mère faible, soumise à son mari, si amorphe et éteinte que sa fille la compare à une amibe ; un petit frère adoré qui va se révéler cruel en grandissant et un père, ou plutôt une caricature de père, bien à l'extérieur et tyran chez lui. Ce père égocentrique est incapable de montrer son amour autrement que par la violence. Elle en fait une description effrayante :
« En dehors de la chasse, mon père avait deux passions dans la vie : la télé et le whisky. Et quand il n'était pas en train de chercher des animaux à tuer aux quatre coins de la planète, il branchait la télé sur des enceintes qui avaient coûté le prix d'une petite voiture, une bouteille de Glenfiddich à la main. Il faisait celui qui parlait à ma mère, mais, en réalité, on aurait pu la remplacer par un ficus, il n'aurait pas vu la différence. »
Heureusement que la gamine a dans son entourage quelques personnes normales comme ce professeur de physique ou encore Monica la voisine un peu foldingue et ce jeune couple d'enseignants dont elle garde les enfants. Elle n'a pas d'amies de son âge, ce qui peut paraître étrange, et sa chienne Dovka, si affectueuse, remplit ce vide.
Devenue adolescente, l'héroïne sent son corps s'éveiller à la sensualité, mais elle le cache au regard du père sous d'amples vêtements.
La vie aurait pu se dérouler sans trop de heurts s'il n'y avait eu la cruauté du père qui, pour endurcir ses enfants, imagine une chasse un peu spéciale. L'histoire bascule alors dans le thriller, on tremble pour la gamine avalée par une nuit hostile durant laquelle elle va vivre une expérience terrible.
« La peur sauvage, sanguinaire, qui s'enroulait autour de ma gorge et qui me susurrait que je n'étais qu'un tas de chairs et de nerfs. »

Par certains côtés, cette héroïne, avec son père cruel et tyrannique, me rappelle Turtle dans My absolute darling de Gabriel Tallent ou encore Gemma dans le sanctuaire de Laurine Roux. Mais j'ai trouvé ces deux romans plus aboutis avec un style plus convaincant.
Adeline Dieudonné a choisi de ne pas donner de prénom à son héroïne, ce que je regrette. Elle en fait une narratrice au langage très maitrisé pour une gamine de dix ans, ce qui ôte une certaine crédibilité au récit.
J'ai regretté aussi que l'auteure abandonne dans la suite de l'histoire un personnage du début, cette Monica un peu décalée et si accueillante qu'on aurait bien imaginé jouer un rôle plus important.
Cet univers étouffant et glauque est fascinant et on suit en frissonnant l'évolution de cette gamine naïve qui se transforme en guerrière. Pourtant, cette lecture me laisse un goût d'inachevé, j'en attendais plus au vu des critiques enthousiastes et des nombreuses récompenses littéraires.

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