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Critique de Kirzy


La liste des prix littéraires récoltés par ce premier roman paru en 2018 est impressionnante, avec notamment les prestigieux Prix du roman Fnac, Prix Renaudot des lycéens ou encore le Grand Pris des lectrices Elle.

Dès les premières pages, j'ai été saisie par l'univers à la fois percutant et singulier de cette jeune auteure belge, tout particulièrement par son écriture, très évocatrice, jouant avec des métaphores organiques souvent frappantes lorsqu'il s'agit de caractériser les personnages et les lieux à travers les yeux de la narratrice :

– le père a des « mains qui auraient pu décapiter un poussin comme on décapsule une bouteille de coca »
– la mère « devait ressembler à une forme de vie primitive, unicellulaire, vaguement translucide. Une amibe. Un ectoplasme, un endoplasme, un noyau et une vacuole digestive »
– les pavillons gris de son quartier sont « alignés comme des pierres tombales »

Adeline Dieudonné abuse certes un peu trop de ce procédé imagé en le systématisant mais ses métaphores étonnantes et décalées créent une ambiance lourde et inquiétante, toujours tendue, une sorte d'étrange fantaisiste qui tranche avec une réalité familiale sordide très naturaliste.

Car en fait, c'est d'un roman d'apprentissage sur la fin de l'enfance et l'entrée dans le monde des adultes, dont il s'agit. On y suit la narratrice de ses dix à ses quinze ans, magnifique personnage de jeune fille en construction, à l'instinct de survie phénoménal dans un environnement familial dysfonctionnel et violent. Comme dans un conte de Perrault, elle devra affronter des épreuves pour s'extraire physiquement et intellectuel de l'emprise de son père, pour fuir le huis clos familial étouffant. Comme dans un conte, il y a un ogre, le père, cruel, brutal, tyran domestique passionné par la chasse et sa « chambre des cadavres aux multiples trophées » Et il y a des bonnes fées comme le professeur de physique-chimie qui incarne l'espoir d'une autre vie.

A partir de cette quête initiatique vers l'affirmation de soi, l'auteure construit un récit très original qui mêle sens du tragique et du grotesque à des tonalités fantastiques : les passages où la hyène empaillée semble prendre vie pour pénétrer dans le corps du petit frère de la narratrice et pour pourrir son psychisme sont remarquables pour dire le traumatisme de l'enfance blessée et les terreurs enfantines qui galopent lorsque la réalité est terriblement glauque.




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