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Critique de Humain_en_page


En vivant dans un jardin public, un jeune homme en comprend ses lois et son renouvellement, printemps comme automne. Car le jardin ne reste jamais le même très longtemps. C'est un jardin bouleversé par les lois de la nature, qui bataille pour retrouver sa liberté sauvage, comme avant l'arrivé des hommes.  
Le narrateur joue son rôle auprès de chaque chose qui le constitue : il apporte des mulots aux chats sauvages, fait perdurer des fleurs qui sans lui resteraient à l'état de bulbes, fabrique des insectes en brins d'herbes pour les enfants, enlève la poussière du coin des statuts de bronze... 
Ce livre est une longue description écrite au présent, de moments de faiblesses du jardin, d'étranges accalmies quand tombe le soir, et surtout de sa beauté de tous les instants, même quand il révèle ses irrégularités et ses défauts, même quand au moment de le tondre, "ses boucles tombent sur le sol comme les maîtresses d'Allemands".
Autour de lui, un mur, qui retient toute la végétation qui voudrait ramper librement. le jardin voudrait lui dire, sais-tu que j'ai eu une part sauvage ? Mais si la nature est en mouvement, le mur, lui, doit délimiter l'espace.
Ce jeune homme est le gardien du lieu, de cette nature menée par le rythme des saisons. Sa plus grande force est de se mettre au diapason de ces changements, de vivre ou de subir comme le jardin. Il est attentif aux bancs, aux cris des taupes qui se poursuivent, aux passages des gens, à ce qu'ils disent d'eux sans le savoir, qu'ils passent ou qu'ils s'attardent. Il remarque la confusion des cliquetis, des chaînes et des roues de vélos, de l'invasion de tout ce qui est métallique dans un endroit par essence à l'abri du tumulte d'une ville. 

Le jeune homme devient spectateur du monde extérieur, chaque élément naturel lui rappelant ce qu'il a connu autrefois, sans jamais réussir à le lui faire regretter. Pas même les rideaux de sa fenêtre, le peigne qu'il pouvait glisser dans ses cheveux, les chemises propres qu'il choisissait chaque matin. Car ceux qui lui ont appris la survie, ici, aujourd'hui, sont là aussi pour lui. Ils savent comment récupérer des bouts de bois pour les transformer en marionnette, trouver ce qui sera réutilisable dans une poubelle, réparer une carie avec des clous de girofles. 
Ce jeune homme vit enraciné dans ce jardin depuis qu'une idée à éclot en lui. Il ne plus partir maintenant, il se l'interdit. C'est sa pénitence. Il n'ira jamais plus loin que les têtes de lions qui gardent le portail, car ce n'est plus dans le dehors, agressif, menaçant, qu'est sa place. Comme retenu par un sort qui l'empêche de s'échapper de sa prison végétale qu'il a appris à aimer, et à admirer. 
Les autres, ceux qui viennent avec leur vélo, en poussette, qui arrachent les fleurs et jettent les mégots à terre deviennent la menace face à l'oeuvre fragile qu'il façonne jour après jour dans ce jardin, une construction qu'il érige en l'honneur d'une défaite, d'une fuite, d'un souvenir durable.
« Le jardin clos » de Régine Detambel, c'est un beau roman rempli de métaphores, qui donnent envie de gratter la terre pour voir ce qu'il y a en dessous. 
Lien : https://humainenpages.wixsit..
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