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Critique de ALDAMO21


Avec « King Kong Théorie », Virginie Despentes porte un regard au laser sur la société patriarcale du 21e siècle. Elle décortique ce rapport très rugueux homme/femme qu'elle y a décelé pour mieux le dénoncer, parfois violemment.


Son livre est aussi un très fort manifeste féministe. Non pas, comme l'écrit l'auteure, ce féminisme de salon avec ses militantes au petit décolleté, qui se chahutent dans des émissions de télé.
Mais un féminisme pur et dur, celui qui devrait tout « foutre en l'air » pour recréer une nouvelle société.
Une société où les femmes n'auraient plus à se sentir des proies, en infériorité et en humiliation.
Une société où les hommes auraient fait leur propre « émancipation masculine » et n'auraient plus à penser pour les femmes, ni à leur dire à quel moment elles doivent ouvrir leur bouche ou la boucler.


« King Kong Théorie » est aussi un témoignage très émouvant sur un pan de la vie très trash de l'auteure et souvent très triste. Virginie parle d'alcool, de drogue, de prostitution occasionnelle et d'enfermement en hôpital psychiatrique. Elle parle même de viol, qui m'a semblé l'avoir marqué à vie.


Virginie Despentes est toujours aussi politiquement incorrecte, aussi vraie, crue et cash et c'est ce tout qui la rend pour moi si authentique et si attachante.


Extrait :

« Ces fantasmes du viol, d'être prise de force, dans des conditions plus ou moins brutales, que je décline tout au long de ma vie masturbatoire, ne me viennent pas « out of the blue ». C'est un dispositif culturel prégnant et précis, qui prédestine la sexualité de l'autre, autant qu'à jouir contre son gré, plutôt que comme des salopes qui aiment le sexe. Dans la morale judéo-chrétienne, mieux vaut être prise de force que prise pour une chienne, on nous l'a assez répété.
Il y a une prédisposition féminine au masochisme, elle ne vient pas de nos hormones, ni du temps des cavernes, mais d'un système culturel précis, et celle n'est pas sans implications dérangeantes dans l'exercice que nous pouvons faire de nos indépendances. Voluptueuse et excitante, elle est aussi handicapante ; être attirée par ce qui détruit nous écarte toujours du pouvoir.

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