AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Kittiwake


Patrice Delbourg est un virtuose de la langue, un jongleur de mots, un champion de la réthorique. Il le prouve une fois de plus avec Une douceur de chloroforme, centré autour d'un personnage bien particulier, aigri, désabusé, désaffectivé, déployant toute son énergie pour se couper de toute relation qu'elle soit positive ou négative avec ses semblables.Le personnage ne suscite pas la compassion, bien entendu. Alors pourquoi persister et suivre l'inintéressant bonhomme et ses multiples griefs de récriminations? Eh bien juste pour voir comment l'auteur va, à défaut de développer l'intrigue, qui n'existe pratiquement pas, multiplier les figures de style pour parler du vide sidéral de l'insupportable Jim Baltimore, quand il n'est pas Anatole Glimpse. L'allitération orne d'innombrables paragraphes, la lecture à haute voix s'impose par moment, pour goûter au mieux à la musique des mots.
La formule n'est pas nécessairement distinguée, le parler de la rue n'est pas exclu :

« Rien à moudre de la bulle fine, vide et légère pour restaurants de prestige . Hé, il veut un godet de flotte, un bouillon de canard, un jus de grenouille, un sirop de pébroque. Pas la source auvergnate la plus chère du monde »

La litanie des phobies du bonhomme s'égraine chapitre après chapitre et la liste est longue. du tourisme :

«  L'engrenage infernal fonctionne à merveille, sitôt qu'un redoux s'annonce, les pays industrialisés s'empressent d'échanger leurs Bidochons respectifs par tous les moyens de locomotion existants »


aux tatouages :

« La couenne n'a pas à d'histoire à raconter sinon par le salon des rides et les taches de vieillesse »

et bien d'autres doléances diverses et variées.

Autrement dit, il faut aborder l'ouvrage avec un moral solide et un optimisme à tout épreuve ou faire une cure préventive d'antidépresseurs . Il y a peu de chance de bondir d'allégresse après la dernière page, si ce n'est parce qu'on quitte le rabat-joie de service.

Si l‘on en revient au roman, hormis les joutes littéraires et les figures de réthorique, il y a peu matière narrative. Il faut plutôt le prendre comme un exercice de style, permettant de faire passer quelques messages (autobiographiques?) bien sentis sur notre monde contemporain.

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
Commenter  J’apprécie          682



Ont apprécié cette critique (62)voir plus




{* *}