Histoire singulière du portrait en pied du gouverneur militaire de Mandchourie

Cela faisait longtemps que j'espérais me procurer cet album. C'est chose faite et je m'en réjouis vraiment. Les auteurs, Frédéric Marais et l'incontournable Dedieu, signent ici un bel ouvrage. Conte d'Asie, oui, conte traditionnel, sûrement mais surtout conte philosophique destiné à tous les âges à partir de 7-8 ans. La lecture en est aisée et, d'emblée, le lecteur est tenu en haleine pour savoir quelle solution trouvera le souverain héros de l'histoire pour se représenter en tant que chef incontesté et incontestable, alors qu'il est très casanier et souffre d'un handicap. La solution trouvée arrive comme une chute. Et, selon moi, elle devrait comme l'ensemble de l'histoire nourrir de réelles discussions philosophiques autour de la notion de pouvoir. L'album suscite immanquablement des réflexions sur la mise en scène du pouvoir et de l'autorité. Être chef ou chefe d'état contraint-il forcément à soigner voire arranger son image ? Pourquoi le portrait de ce souverain a-t-il autant d'importance ? Presque plus d'importance que sa personne à proprement parler ? le lecteur aurait-il choisit une autre solution à la place du souverain ? Pourquoi ? Les plus âgés, à partir du collège, ne manqueront pas de faire le lien avec les portraits de nos présidents de la république installés dans toutes les mairies de France. Comme à l'accoutumée, Dedieu et son acolyte proposent un livre simple d'accès mais si riche en questionnements. Bien qu'ayant plus de cinquante ans je sais déjà que je lirai et relirai cette histoire. La conteuse que je suis est même grandement tentée de la raconter.
Petits plus :
En ateliers d'écriture et/ou en ateliers à visée philosophique pour la jeunesse, je présenterais le début de l'histoire et je demanderais aux petits auteurs-penseurs, d'une part de faire un dessin du portrait, qu'ils imaginent, et/ou d'autre part, de le décrire à travers un article de journal évoquant en même temps la nouvelle réaction du peuple.