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Critique de SamueldHalescourt


Après le covid, le black-out


L'anticipation à saut de puce est toujours plus inquiétante que celle au long cours. Son caractère lugubrement prophétique est d'autant plus pertinent que les événements annoncés sont proches de nous, échappant ainsi à la science-fiction pour se rapprocher de la divination, façon prédiction astrologique d'initié pour l'année à venir. de Lillo nous promet alors une panne de courant généralisée le soir du Superbowl. Mais grâce au ciel le Superbowl 2022 est passé et l'électricité toujours acheminée jusqu'à nos chatoyants appareils.

Contrit, j'avoue que le silence est mon premier de Lillo ; incapable donc de le placer sur le fil d'une oeuvre dont il serait un des points finaux, de le mettre en perspective avec quelques antériorités qui viendraient l'éclairer d'un jour nouveau. C'est de facto un livre suspendu au milieu du néant, lévitant seul et dépourvu de toute connexion, dont il me faudra tenter de percer quelques mystères.

Ça ressemble à une pièce de théâtre que l'on aurait novelisée où une situation absurde rencontrerait des dialogues lunaires. Des personnages faits pour la scène se débattent dans des échanges improbables en période apocalyptique. Et finalement ce court roman électrique se transforme en conte de la modernité, critique implacable de sociétés humaines uniquement dépendantes de leur apport en énergie. Sans ce sacro-saint viatique, tout se dérègle et les discussions deviennent surréalistes, égarées dans un urbain semblable à un tombeau.

Pour conclure, un très bon livre, qui nous gratifie d'un frisson en nous plongeant dans le désordonné.

De Lillo est en fin de carrière mais il semble d'une fraîcheur salvatrice pour lui-même et ses lecteurs, primesautier dans le fond et dans la forme, inventeur d'une folie littéraire et toujours neuf dans une éclatante sobriété, d'économie classique.

Le silence des écrans se ferait-il, parlerions-nous nous aussi avec tant d'abondance et de désordre ?

Samuel d'Halescourt
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