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Critique de chocobogirl


Les Leblon vivent dans un immeuble collectif avec leur petite fille. Les voisins s'inquiètent et s'agacent de l'entendre pleurer tous les soirs. N'y tenant plus, leur voisine décide d'aller prendre des nouvelles auprès de ses parents sous l'oeil indifférent de son compagnon. le père ouvre et explique les scènes de la petite fille pour aller dormir : " Si on commence à marcher dans son jeu, je crois qu'on n'a pas fini. " La voisine repart rassurée.
Mais le lecteur va vite comprendre que la réalité est tout autre. Inès pleure car sa maman est battue par le père...
Les pages qui suivent nous permettent de découvrir tout l'envers du décor de la violence conjugale.

Voilà un album fort sur un sujet difficile.
J'avais déjà abordé ce thème par un autre album lu précédemment : ...A la folie de Ricard et James, que j'avais trouvé extrêmement bien construit et très "éducatif" sur les ressorts psychologique de cette violence.
BIen, malgré moi, la lecture d'Inès s'est faite d'une certaine manière en regard de cette lecture.

Inès est donc la tranche de vie d'une famille et plus précisement d'une femme battue par son mari. le lecteur va la suivre durant 48h et découvrir la violence physique et morale dont fait preuve son compagnon à son égard. Dévalorisant sa femme, la rendant coupable de ses emportements, sa cruauté s'accentue encore plus avec l'alcool. Il ne semble même plus dormir avec elle et la force à avoir des rapports sexuels.
Sa femme, elle, semble impuissante à faire face. La tentation de partir pour le bien-être de sa petite fille est grande mais l'inconnu, la difficulté, la peur de devoir revenir l'effraie et l'empêche de passer à l'acte.
Alors Mme Leblon se refugie dans son amour pour sa fille. Les moment passés avec elle sont une source de bonheur et d'oubli de son terrible quotidien. Mais le retour de son mari et l'image pleine de bleus que lui renvoit son miroir la ramène inexorablement à sa souffrance.
Les proches, eux, semblent peu présents. Les voisins sentent que quelque chose ne va pas mais difficile pour eux d'aller voir plus loin. le collègue qui passe à leur domicile découvre les marques de coups, passe une soirée horrifiante où Mr Leblon traite sa femme pire que tout mais sa proximité avec le mari ne lui permet que de réagir mollement.
La tension monte crescendo et le drame qui se profile est inévitable.

Inès est l'histoire d'une femme battue, comme il en existe d'autres malheureusement. Seule face à la violence de son mari, elle peut difficilement réussir à s'en sortir. Les auteurs ont fait le choix de nous montrer juste ces 48h de vie. On ne saura rien de comment le couple en est arrivé là, on ne connaitra pas l'avenir des Leblon et de la petite fille. Au lecteur d'imaginer le pire ou le meilleur.
On s'immerge malgré tout très facilement dans la vie de cette jeune femme. Les dialogues sont parfois absents et les longues plages de silence qui ponctuent l'histoire font passer autant d'émotion par le non-dit et la pudeur.
Car Inès finalement joue beaucoup sur l'émotion. le père est abject et ne suscite aucune compassion. La mère est une simple victime. Tout se déroule dans la sphère familiale, en huis-clos. Et c'est peut-être ce qui m'a gêné ici. ...A la folie, dont je vous parlais au début de ce billet, m'a semblé bien plus dense et plus riche au niveau des raisons de cette violence conjugale. Comment en vient-on à frapper sa femme ? POurquoi la femme battue ne part-elle pas ? Comment cache-t'elle les faits à l'extérieur ? Comment les proches doivent réagir face à ce genre de situation ? Ici, rien n'est expliqué. On vous montre abruptement les faits. Pour ma part, je n'ai pas attendu de lire ces albums pour découvrir l'ampleur du phénomène. Ce qui m'intéresse, c'est justement les raisons du pourquoi, de les analyser, de comprendre la passivité qu'on reproche souvent injustement à ces femmes battues.

Côté dessin, rien à redire. J'ai beaucoup apprécié le graphisme en noir et blanc de Jérôme d'Aviau. le trait est simple mais montre beaucoup d'expressivité. le côté hachuré de certaines textures renforcent l'aspect inquiétant du récit.

Alors, oui, l'album est excellent, et même nécessaire. Il réussit à aborder un sujet casse-gueule sans tomber dans le larmoyant et le pathos. Il provoque malaise et colère, de manière nécessaire.
Mais je regrette néanmoins qu'il ne donne pas plus de clés de compréhension sur ce fait qui touche de nombreuses femmes de manière bien trop souvent invisible.
Le but n'était pas, je suppose, d'expliquer mais de montrer cette violence bien trop cachée, de la dénoncer. Mais je pense qu'un complément d'information, si je puis dire, n'aurait pas nuit à la qualité de cet album.
Du coup, sa lecture fut pour moi une légère déception mais celà ne m'empêche pas malgré tout de vous recommander cette lecture salutaire.
On ne parle jamais trop des femmes battues : 1 femme meurt tous les 3 jours sous les coups de son compagnon...Si cet album permet au moins à quelque personnes de se poser les bonnes questions, il aura rempli son rôle.
Lien : http://legrenierdechoco.over..
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