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Critique de bobtazar


! 6 étoiles !
Roman noir – très noir – au réalisme cru – très cru – , La vieille qui marchait dans la mer fait partie des quelques ouvrages signés San-Antonio où le célèbre commissaire n'apparaît pas.

Un couple de vieux filous sur le déclin, Lady M. et Pompilius, est rejoint par Lambert, un jeune premier de soixante ans leur cadet. Ce dernier va se retrouver pris sous l'aile de Lady M., sous le charme, qui a décidé de le former à l'arnaque avant de raccrocher.
Une relation aussi glauque que contre nature va alors se nouer entre eux deux, au grand dam de Pompilius : « Milady, haridelle décharnée, pétasse désarmée, louche et torve vieillarde aux desseins tortueux, boiteuse irrémédiable, impératrice des garces, malfaisance éperdue, fleur de charnier presque cha­rogne, poison rare, vacherie en décomposition, infâme, mocheté ridicule, banqueroute humaine, ab­jection banale, fleur vénéneuse carnivore et flétrie, femelle qui ne mouille plus mais qui suinte, sor­cière, gorgone, polype, excroissance, dépravée, cauchemar : je t'aime. »

À ce trio diabolique (une constante dans l'oeuvre de Frédéric Dard) va se joindre Dieu (!), en tant qu'interlocuteur privilégié (et passif) de Lady M. qui n'hésite pas à lui confier ses états d'âme : « Ô mon Dieu ! Mon Dieu ! ne permettez jamais que je renonce ! Faites que toujours subsiste cette louche faim d'amour ! Cet émoi qui me préserve de la mort ! Cette attente infernale qui accélère les battements de mon coeur ! Je suis une vieille salope, Seigneur ! Une femelle sans chaleurs qui n'a plus que de tristes approches pour combler son vieux cul défoncé ! Gardez-moi cette pitoyable frin­gale de chair fraîche, Dieu d'infinie bonté ! »

Arnaque, amour, sexe, dépravation, jalousie… mais également réflexion sur la vieillesse et la dé­chéance (« Chaque jour me tue et les jours de mon âge sont plus meurtriers que les jours des êtres jeunes. »), La vieille qui marchait dans la mer est un authentique chef d'oeuvre, qui fait le lien entre la truculence des San-Antonio (175 romans) et le côté noir des Frédéric Dard (100 romans).
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