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Critique de Apoapo


Cet essai, éminemment psychanalytique (freudien, lacanien) – à la seule exception très considérable de son chap. 6 qui est juridico-historique – explore de façon théorique la fonction paternelle. Répondant sans doute à l'angoisse suscitée par les nouvelles formes familiales (à moins qu'elle le soit, me semble-t-il, par l'émancipation féminine visant à l'égalité de genre ?) concernant les supposées « carences », « défaillances » voire par « l'absence » du père, son dessein est de démontrer que cette fonction est composée d'éléments disparates qui remontent aux plus anciennes origines de notre culture – sans parler des autres cultures, qui ne sont pas du tout mentionnées. Ainsi, subsistent des « imagos » de pères mythiques issus de « notre » mythologie grecque, qui représentent des divinités masculines sous forme de « pères violents, meurtriers, sanguinaires, incestueux » (chap. 1). Se superpose à ces imagos la réflexion sur la paternité divine dans les trois religions monothéistes, particulièrement développée dans le christianisme à cause de la Trinité (chap. 2). Suit l'immense travail théorique de Freud (chap. 3), lequel offre des figures du Père des définitions multiples (cf. cit. 1), dont il convient de retenir surtout celle mythique du Père de la horde primitive, et celle clinique de l'Oedipe qui, dans sa complexité, donnera lieu à la distinction lacanienne entre père réel, symbolique et imaginaire et in fine à son concept de Nom-du-Père. Celui-ci constitue l'objet exclusif de chap. suivant, qui se termine, par un jeu de mot que l'autrice veut typiquement lacanien par la section intitulée : « Les non-dupes errent » ; cette section peut être considérée comme une anticipation sur les problématiques contemporaines qui seront traitées dans le chap. 7. Entre-temps, le chap. 5 comporte un approfondissement sur la spécificité de la relation père-fille (l'Oedipe féminin) qui se termine par la question encore plus spécifique du regard du père (et vice-versa), et le chap. 6 (par E. Zucker-Rouvillois) sur l'évolution de la figure juridique du père, à partir du droit romain (cf. cit. 2) jusqu'à aujourd'hui, qui présente plusieurs « révolutions » très intéressantes du point de vue notamment de la réfutation des jérémiades sur le « déclin du père »... Ayant ainsi posé tous ces éléments de complexité, le chap. 7 peut s'atteler à la situation contemporaine, qui est abordée de manière si originale – politique, et philosophique sur le remplacement du Nom-du-Père par la science, psychanalytique encore (avec une dialectique entre auteurs) et enfin sociologique, que je considère que l'intérêt du livre va crescendo, et que je reproduis ci-dessous, dans la Table, l'intitulé de l'intégralité des sections pour lui seul. Enfin, je retiens des Conclusions, qui représentent principalement une synthèse des idées développées dans l'ensemble du livre, une ultime ouverture sur le langage, conçu comme le « tiers » se posant « Au-delà du père et de la mère » (cf. cit. 5), et non donc comme un successeur du Nom-du-Père comme on pourrait le comprendre à une lecture trop hâtive : une idée qui me plaît énormément et qui met l'eau à la bouche pour un livre entier que l'autrice, psychanalyste spécialisée dans les questions de genre et de parentalité, écrira peut-être un jour...



Table [abrégée avec appel des cit.]

« Qu'est-ce qu'un Père ? »

Chap. 1. : Les pères mythiques

Chap. 2. : Au Père éternel

Chap. 3. : le père des complexes familiaux [cit. 1]

Chap. 4. : Les noms du père

Chap. 5 : Fille et père : une relation passionnelle

Chap. 6. : Les pères limites : droits et devoirs [cit. 2]

Chap. 7. : Une société sans père ?
- Les "petits pères des peuples"
- « Nous, fils d'Eichmann » (Anders, 1999)
- Les sciences en place de Nom-du-Père
- La mort du parricide
- du père au gène [cit. 3]
- Une mutation sans précédent (J.-P. Lebrun)
- La peur d'être père
- Horreur ou déni de l'origine
- Faut-il un homme pour qu'il y ait un père ?
- Quand l'Autre est le social
- La perfection comme idéal ou comme norme sociale [cit. 4]

Conclusions [cit. 5]
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