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Critique de Cancie


Je n'avais encore pas lu de roman construit d'une manière aussi originale !
Une succession de premières pages de roman débutant avec le dernier mot de la page précédente, tel est le challenge que s'est fixé Antoine Cristau pour son premier bouquin.
Pour exemple, les deux premières pages : le récit débute avec Jeanne qui use de métaphores littéraires pour faire comprendre à sa petite-fille Camille qui va se pacser, l'enjeu d'un tel acte. Elle lui fait remarquer que : « Se marier, c'est faire un sacré pari sur l'avenir. » ou encore « Un emballage différent ne change pas le contenu ». Elle avoue d'ailleurs ne plus rien comprendre à cette génération qui ne fait rien comme les autres, à ce Pacs… à cette époque, mais rit et serre affectueusement Camille dans ses bras. Celle-ci, pour oublier que ces moments-là ne seront pas éternels, « se lance dans le récit des derniers préparatifs, il y avait tant de choses à », Fin de la page, la suivante démarre et enchaîne sur « Vé-ri-fier, les filles, il faut vé-ri-fier chaque détail ! » et cette fois c'est Frédéric Poulain, le fondateur de l'agence « PMPT »pour « Pacs et Mariages Pour Tous » qui booste son équipe, car demain ils ont le Pacs de Camille de Brochant et Laurent Dupuis et « Ça va être chaud, c'est un peu tendu entre les familles. »
Dès le début, nous voilà donc dans les préparatifs de ce Pacs qui, pour Camille et Laurent représente une grande preuve d'amour. Camille, elle, avait rêvé depuis l'enfance d'un grand mariage, mais Laurent marqué par le divorce de ses parents et les frasques de sa mère s'est juré de ne jamais s'engager. Chacun a donc fait un pas en direction de l'autre, et ils sont tombés d'accord pour un Pacs fêté en petit comité avec leurs familles et quelques amis.
C'était leur désir, mais c'était sans compter sur l'intrusion des parents de Camille, Virginie et Gauthier de Brochant, dans l'organisation de cette cérémonie qui finalement réunira deux cents convives. Juste pour vous donner une petite idée du niveau de la réception et pour vous mettre un peu l'eau à la bouche, ils confient la préparation du repas qui se devait d'être simple à un chef doublement étoilé et envoient leur neveu au domaine de Yves de Suremain pour y choisir les crus : la fête se passe en Bourgogne.
Une multitude de personnages vont donc intervenir, se croiser, échanger. Il s'agit des membres des deux familles, bien sûr mais aussi des amis des deux pacsés ainsi que des différents corps de métiers appelés à intervenir sur une telle cérémonie. Si j'ai eu un instant la crainte de me perdre parmi tous ces noms, il n'en a rien été, chacun est toujours bien identifié et, en cas de doute, de magnifiques arbres généalogiques, un pour les de Brochant et un pour les Dupuis bien illustrés par Fabienne Legrand tout comme la couverture ornent les début et fin d'ouvrage.
Dans une unité de temps et de lieu Antoine Cristau nous prend par la main et nous emmène vivre cette fête, à la rencontre de ces personnages qu'il croque avec une grande justesse, nous les rendant on ne peut plus vrais dans leur travail ou dans leurs réactions. Avec une plume acérée et mordante, il n'hésite pas avec beaucoup d'humour à donner la parole au curé ou à l'organiste et même à la personne qui va devoir balayer les pétales de roses à l'issue de la cérémonie. Un grand moment que le choix de la musique, le curé ayant laissé entendre à Laurent que La Marche nuptiale de Mendelsson, c'était un peu trop …, vu que c'était juste une bénédiction. L'organiste, plus diplomate, laisse entendre à Laurent que, maintenant, c'est d'un commun et qu'il y a tellement d'autres musiques. Aussi quand Laurent, grand fan de foot ose dire qu'il aime beaucoup l'hymne de la Ligue des Champions de l'UEFA et que l'organiste s'en amuse et lui dit : « Normal, c'est du Haendel », de nouvelles perspectives s'ouvrent à Laurent !
L'auteur n'a rien oublié, de l'enterrement de la vie de garçon pour Laurent jusqu'au buffet de brioches et de viennoiseries offertes au petit matin, tout y est. Il a su restituer la préparation et le déroulement de cette fête au plus près des protagonistes aussi bien physiquement que moralement. le film se déroule devant vos yeux et les dialogues sont savoureux !
Quelle diversité dans les couples et dans les caractères. Si, certains sont épanouis dans leur vie amoureuse, d'autres le sont bien moins et, l'auteur montre combien dans ces familles bourgeoises, le poids des traditions et de la religion est encore lourd à porter.
Antoine Cristau nous offre un récit totalement jubilatoire qui se lit d'une traite, riche en situations très variées et souvent burlesques, telle celle où le commis fleuriste se trompe dans ses livraisons, inversant les bouquets pour la fête et ceux pour un enterrement.
Certaines de ces premières pages de roman pourraient ouvrir d'autres romans, il me semble. Parfois, d'ailleurs, j'aurais aimé un développement plus long sur le ou les personnages évoqués.
Beau symbole que cette écharde sous le pied que Laurent va supporter durant toute la cérémonie !
J'ai trouvé très intéressante cette confrontation entre deux milieux sociaux bien opposés et apprécié la force de caractère de ces deux jeunes qui sauront chacun à leur manière s'affranchir du joug familial pour vivre leur amour.
Sous une forme très accessible et très jouissive, Fête et défaites offre une belle réflexion sur l'Amour. Un auteur à suivre…
Je remercie Babelio et les éditions le cherche midi pour cette belle découverte !

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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