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Critique de Bobby_The_Rasta_Lama


"Sa confiance n'est que filandre,
sa sécurité, une maison d'araignée."

(Job, VIII, 14)

Amateur un jour, amateur toujours...
Est-ce que ça vous arrive aussi, parfois, de vous demander pourquoi, à l'âge adulte, on continue toujours à lire les histoires qui font peur ? Pourtant, on n'y retrouve plus, ou que rarement, les sensations fortes de ces temps bénits où la simple lecture du "Horla" nous hérissait l'échine, et pendant la lecture de "Dracula" on disposait soigneusement deux doubles décimètres en forme de croix sur notre bureau de collégien, avant que la nuit tombe. Au cas où...

Ces lectures avaient alors le pouvoir de créer un mélange d'émerveillement et de plus ou moins agréables frissons, que l'on cherche en vain à recréer depuis qu'on a grandi. On s'accroche, mais ce n'est plus pareil. On sait très bien que dans le placard il n'y a que des vêtements, et tout ce qui se cache sous le lit sont seulement quelques moutons de poussière.
Mais on apprécie toujours autant les vieilles histoires de Poe, Lovecraft, M. R. James ou Hawthorne pour leur esthétisme, on s'interroge bien plus sur l'ambiguïté potentielle d'Ira Levin ou Shirley Jackson, et on abandonne pour toujours ce bon vieux R. L. Stine et ses "Chair de poule", car on a trouvé mieux chez King, Masterton ou Koontz.
En tout cas, on continue à chercher à se faire un macabre plaisir en rêvant de certaines choses inexpliquées entre le Ciel et la Terre; certaines choses qui ne font pas la même peur que les horreurs quotidiennes qu'on voit chaque soir aux infos. Bref, cette petite sensation agréablement oppressante en lisant une histoire, où, contrairement aux horreurs réelles, le Mal est généralement vaincu par le Bien.
Et cela peut être un excellent divertissement, à condition que cette histoire soit bonne.

"Les loups de Fenryder" a été une agréable surprise. La principale raison pour laquelle j'avais envie de le lire est que cela se passe en Louisiane; je pensais y trouver le charme du "vieux Sud" et de la "southern gothic" avec sa magie coloniale. Ce n'était pas vraiment le cas, mais malgré tout c'était assez envoûtant.
Je dois me joindre à ceux qui comparent Alec Covin à Stephen King. Tous les deux sont excellents conteurs: ils plantent le décor, présentent les protagonistes avec leurs histoires personnelles (je dirais cependant que Covin est un peu moins bavard que King !), font visiter la ville... et quand on s'y sent comme chez nous, ils y introduisent goutte à goutte le surnaturel.
Qu'est-ce qui peut être pire que nos peurs le plus secrètes, nos terreurs les plus enfouies, qui commencent à se matérialiser ? Alors, bienvenue à Tusitala...

La vieille Rose n'aurait jamais dû raconter au petit Stanley Holder ce qu'elle a vu pendant cette terrible soirée en 1933, quand la résidence Grand Magnolia a pris feu pendant le bal de la crème de la société sudiste. C'était loin d'être un incendie ordinaire, et elle et ses potes le savaient.
Stan devient écrivain, et à son tour il évoque ces souvenirs interdits, sans savoir que les choses endormies vont se réveiller. Pour son grand malheur, mais aussi pour le malheur de la famille Baldwin, qui a acheté le Grand Magnolia pour le transformer en chambres d'hôte.

C'est bien écrit, et on tremble pour le petit Scotty lors de ses rencontres avec la "Chose", et pour les deux petits vieux qui essaient de contrer les événements malgré leurs rhumatismes. Mais si je dois encore une fois comparer le livre avec "Ca" de King, ou même avec "Nuit d'été" de Simmons, je préfère de loin ce Mal indéfinissable et ancestral qui a toujours été là, et qui se réveille de temps en temps pour sévir, que cette histoire un peu capillotractée de la société secrète des Loups de Fenryder. C'est donc la partie clé que j'avais trouvée la plus maladroite, car il faut justifier à tout prix la présence du surnaturel, et ça ne le fait pas à chaque fois.

Mais, finalement, peu importe. Trois étoiles et demi tout à fait honnêtes pour Covin, car il m'a donné ce que j'attendais de lui... un bon divertissement doublé de quelques frissons.
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