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3,6

sur 1858 notes
Il était une fois une jeune fille de dix huit ans, mariée par son père, à un riche exploitant forestier jurassien. On est au XIX e siècle, et la jeune Aimée se trouve bien solitaire dans cette maison où elle n'a de contact (en dehors de son mari, l'austère Candre Marchère) qu'avec la domestique Henria, bien plus qu'une servante, vu que c'est elle, qui a quasiment élevé le fils de la maison ( sa mère étant morte quand il avait cinq ans). C'est qu'on meurt jeune dans ce domaine, tout d'abord , les parents de Candre , puis Aleth la première épouse...
Désoeuvrée dans ce grand domaine, on ne sait pas trop ce qu'Aimée fait de ses journées. Aimée attend la nuit, celle qui lui permet de rentrer en communion avec son mari. Oh, pas longtemps ! Il vient, fait son affaire et s'en repart dans sa chambre, mais grâce à cela, les nuits d'Aimée sont plus belles que ses jours.
Une vie bien solitaire jusqu'au jour, ou Candre engage une professeure de musique pour Aimée.

Si j'ai commencé ce petit résumé par "Il était une fois", c'est parce que ce roman m'a fait penser à un conte. Un conte pour adulte un peu cruel, car les bonnes fées ne viendront pas, ou pas complètement...On pense à " La belle et la bête" , car Aimée est quasiment prisonnière de cette maison, entourée de bois hostiles. Soumise à la bonne volonté de cet homme présenté comme un homme sérieux, respectueux de la religion, gentil quand il s'intéresse au bien-être d'Aimée , mais aussi , dans les faits présenté comme un homme froid, passant dans la chambre de sa femme, le moins de temps possible, juste le temps d' assouvir ses pulsions . [ " Candre semblait de ce monde comme le sont les animaux sauvages". ]
Roman sensuel, où la sexualité est vécue comme un "pont" entre deux personnes, et à vrai dire : la seule chose qu'ils partagent ...
Comment ne pas penser aussi à "Rebecca" de Daphné du Maurier, pour l'arrivée d'Aimée au domaine, pour l'hostilité , la froideur ou l'indifférence de la domesticité, pour l'absence de son mari à ses côtés et sa présence dans son esprit, la totale dépendance d'Aimée ?
Conte pour enfant un peu cruel, littérature gothique, Cécile Coulon a emprunté à ces deux genres littéraires, avec brio et virtuosité. Ecriture aiguisée, parfaitement maitrisée. Pour les lecteurs qui aiment ce genre de romans , il est parfait, mystérieux, sombre, implacable.
Un roman très original qui se distingue de ces confrères sur les étagères des librairies. L'illustration de la couverture étant particulièrement bien choisie et représentative de ce qu'on trouve dans ses pages...
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Un mariage arrangé comme ceux qui étaient courants en cette fin de XIXe siècle livrait la jeune épouse à un mari pour ainsi dire inconnu. Sa demeure, sa personnalité et ses secrets ne se révélaient qu'après la cérémonie, pour le meilleur, ou pour le pire…

Comme Aimée, on entre dans le domaine Marchère à pas feutrés, guettant chaque indice de la personnalité de son ténébreux mari et scrutant les traces de l'histoire tragique du lieu. Qu'est-il arrivé à la première femme de Candre ? Une menace plane-t-elle sur les lieux ou est-ce notre imagination qui s'emballe ? L'enquête d'Aimée se double d'une autre initiation tout aussi tâtonnante, au désir et à la sensualité.

Dans le charme classique des premiers chapitres, on trouve des réminiscences des romans De Balzac ou de Jane Austen. Mais très vite, on perd pied face à l'écheveau complexe des liens entre les personnages pris dans ce huis clos et on ne sait plus si on est chez Barbe-Bleue, dans le manoir de Dracula ou dans une oeuvre de Cocteau. Cette incertitude place le récit sous tension et le roman se dévore d'un seul trait.

J'ai trouvé que les personnages étaient décrits de façon un peu insistante – le cousin très militaire, le mari très grave, la servante très forte, etc. – mais les descriptions sont belles, notamment ces visions hallucinées et ambiguës de la forêt jurassienne. Comme dans Une bête au paradis, les humains semblent souvent bestiaux et les bêtes majestueuses. Mais le décor et le propos sont tout autres : ce roman nous fait vivre de l'intérieur les tabous et la piété du XIXe siècle, l'enfermement du mariage, l'ambiguïté des rapports maître-domestique.

Une lecture immersive et fascinante, entre roman d'ambiance et roman d'énigme, loin des sentiers battus.

PS : C'est drôle comme Seule en sa demeure et D'or et d'oreillers, publié également cette année par Flore Vesco, se font écho alors que ce dernier livre s'adresse à un public plus jeune. Plus j'y pense, plus je vois de parallèles entre ces deux textes – mais je n'en dis pas plus pour vous laisser les découvrir par vous-mêmes…
Lien : https://ileauxtresors.blog/2..
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Je n'ai jamais lu les soeurs Brontë ni Jane Austen, pas plus que Daphné du Maurier mais j'ai pourtant le pressentiment que le roman de Cécile Coulon en possède les codes :
Une écriture séduisante aux phrases tragiques et délicates qui traduisent une ambiance champêtre aussi bien que la pesante atmosphère d'une maisonnée aux personnages torturés dans un XIX ème siècle maniéré et guindé.
Une jeune ingénue prête à marier, un père militaire boiteux et rigide, une mère transparente, un cousin curieux, chahuteur mais respectueux.
Un riche propriétaire d'un domaine dans le Jura, sérieux et pieux mais éploré et taciturne.
Une servante aussi dévouée et prévenante que revêche.
Un garçon à tout faire attaché au manoir, beau et pas sot.
Un gardien de cimetière qui en sait beaucoup.
Une flutiste genevoise qui donne des cours particuliers.
Un impénétrable sanatorium dans les montagnes Suisse.

Grace au souffle poétique de l'auteure, une multitude d'images affluent : les robes à crinoline, les mouchoirs brodés, les parquets cirés, les chevaux sellés, le cuivre patiné, les rideaux lourds et la lumière fondue de la forêt d'Or. Mais aussi les secrets, les faux semblants, les malaises, les troubles et les confusions, les mensonges et l'amour. le vrai, le déçu, le caché, l'interdit.

« Aimée – quel prénom bien choisi, les lettres se formaient, majuscules, brûlantes, oui, elle l'abandonnait à une vie que tous ces autres élèves connaitraient aussi, épouse, mère, femme d'un homme puissant, est-ce cela qu'on appelle réussir, se demandait-elle. »

Cette histoire pathétique m'a tenu en haleine tant par sa ténébreuse intrigue que par la vie étouffée de l'héroïne à la souffrance muette.

« Sa voix était comme une porte claquée par le vent, elle battait au grand air, désespérée. »

Sans orgueil ni préjugés, Cécile Coulon signe un roman qui avec persuasion transforme une fictive Emma en une douce Aimée et transporte avec le coeur et la raison son drame de Grande-Bretagne en France. It's a joke.


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Cela faisait deux fois que j'hésitais à ouvrir ce livre.. et puis ..telle l'araignée tissant sa toile..de fil en aiguille, je me suis littéralement faite happer par la plume de cet auteur. !..

Elle a le don de "l'instantaniété " pour camper une ambiance particulière..Nous sommes au XIXe siècle, à s'enfoncer avec elle dans la profonde forêt Jurassienne, dans le domaine forestier d'un riche propriétaire terrien sans problème..de manière sibylline, les personnages prennent forment, ..une histoire de famille à la campagne où tout le monde se côtoie, là où les taiseux et les secrets de famille sont tenaces et prennent place dans ce roman, ..d'un côté un jeune homme veuf, de l'autre une jeune femme de dix-huit ans à marier, des paysans, la campagne. ainsi se passe ce mariage arrangé..ce couple installé dans une grande et belle maison, le mari occupé et pétri de froideur, mais soucieux de son bonheur conjugal, la maitresse de maison esseulée, tourmentée,.. la solitude comblée par la musique..et l'ombre de la défunte qui plane dans la demeure.

.Aïe..!!.ai-je déménagé chez Flaubert ? est ce que cette histoire présage d'une Emma Bovary ou d'une Lady Chaterley?..et bien que nenni justement c'est bien là tout le talent de l'auteur ! .à vous de découvrir le reste!.

Evidemment des mystères qui feront de ce roman une énigmatique balade rondement menée par une écriture fluide et captivante.
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Seule en sa demeure est un roman qui se laisse lire.

L'atmosphère est particulière : à la fois délicate car le roman est porté par Aimée, jeune fille de bonne famille, douce et naïve mais également lourde par le caractère secret et sombre de sa nouvelle demeure.
Au début du roman, Aimée épouse Candre, un homme droit et pieux, qui a souvent côtoyé la mort, celle de sa mère alors qu'il était tout jeune, et celle de sa toute jeune première épouse.

Si le début du roman semble s'éterniser en longueur, le lecteur se laisse cependant porter par ce mystère qui s'épaissit autour des personnages de Candre, d'Henria, la bonne qu'il considère comme sa mère et d'Angelin, le fils d'Henria à qui on a coupé la langue.

J'ai bien aimé ce mélange subtile de délicatesse et d'horreur cachée. Cette façon pudique de sous entendre l'atrocité en la touchant du bout des doigts.

Le personnage de la professeure de flûte d'Aimée ajoute également à la beauté toute en retenue du roman.

Et l'on remercie bien sûr le cousin d'Aimée , Claude, pour sa franchise et sa légèreté, apportant à ce roman sensible et angoissant, une pointe d'humour bienvenue !

A lire ?
Oui...
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Je quitte avec peine cette atmosphère étrange, oppressante, accrochée dans le lierre, dans les arbres touffus, dans ces chambres sombres, dans les secrets violents.

Je quitte avec d'autant plus de peine ce roman surprenant et sournoisement attirant, parce que j'en ai rêvé deux fois de suite. Oui ! Je me suis retrouvée là-bas, dans le domaine de Candre Marchère, cet homme triste et silencieux. J'y ai vu distinctement les pièces, la petite table du salon où Aimée, sa toute jeune femme, mange en sa compagnie. J'ai vu la salle de musique où celle-ci accueille sa professeure de flûte. Et je me suis réveillée troublée.

Aimée, Amand, Emeline : ne trouvez-vous pas étrange d'affubler de prénoms de la même consonance trois personnages de cette histoire ? C'est qu'on parle beaucoup d'amour, dans cette histoire…
Aimée est la fille d'Amand, un ancien militaire blessé dans son coeur et son corps, et de Josèphe. Elle épouse, conseillée par son père, Candre, « un homme pieux et bon, le meilleur d'entre tous », un homme jeune encore, mais veuf après six mois de mariage.
C'est à peine à trente kilomètres de sa maison d'enfance, mais c'est dans un autre monde, qu'elle va vivre. Un monde qui s'alimente de non-dits. Henria la servante, Angelin son fils, Emeline la professeure de musique, tous tournent autour d'Aimée…

J'ai tout bonnement adoré cette histoire un peu glauque, pleine de ténèbres. Et j'ai accompagné la solitude d'Aimée, seule, en sa demeure.
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Aimée, 18 ans, épouse Candre, un riche propriétaire terrien, veuf depuis peu. Elle rejoint sa maisonnée où vivent Henria la gouvernante et Angelin son fils. Même si Candre s'avère un époux prévenant, Il n'est guère simple pour la jeune mariée de trouver ses marques dans ce grand domaine et cette nouvelle vie…d'autant que d'étranges événements surviennent…
Autant Blanche d'une bête au paradis était une vraie héroïne de tragédie grecque, autant j'ai trouvé que les personnages de Seule en sa demeure manquaient singulièrement de corps. Heureusement, le décor bien planté (très XIXe) et l'atmosphère pesante m'ont suffisamment accrochée pour que j'aille au bout de ma lecture (avec une fin là aussi malheureusement en demi-teinte ).
Si je reste magnanime , j'ai passé un bon moment avec ce roman à l'intrigue de bonne facture, mais on est loin du coup de coeur attendu.
J'en espérais certainement trop après l'excellent #unebêteauparadis 🤷🏽‍♀️
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J'ai longtemps hésité à lire ce roman, le premier de Cécile Coulon pour moi, les critiques étant partagées. J'ai finalement décidé de me lancer, la curiosité et la magnifique couverture l'ayant emporté.
Je ne le regrette pas, le décor de cette forêt d'Or est très bien planté, le lecteur est vite emprisonné tout comme Aimée dans cette demeure qui se fond dans la forêt, et l'on pense rapidement à Barbe-Bleue. L'oeil de boeuf, tel un troisième oeil, voit tout de cette maison, Aimée se sent épiée, surveillée sans cesse par son mari Candre, étrange et bienveillant, Angelin le fils de la bonne et les ouvriers du domaine forestier.
L'atmosphère est oppressante, Aimée est comme une bête traquée, et elle va peu à peu découvrir la vérité et le passé des occupants de la maison.
J'ai été un peu moins convaincue par les brusques changements d'humeur d'Aimée que je n'ai pas toujours bien réussi à m'expliquer. Ses attachements successifs à Candre, Angelin puis Émeline m'ont un peu déroutée… et auraient mérité d'être plus approfondis, ce qui aurait donné plus de relief à la jeune Aimée, à laquelle j'ai eu des difficultés à m'attacher.
C'est une lecture agréable, j'ai dévoré ces pages, mais je suis restée sur ma faim, les personnages restent assez caricaturaux et l'intrigue conventionnelle, sans grande surprise. En tout cas, cela m'a donné envie de mieux découvrir cette auteure.
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Dans le Jura du XIXe siècle, Candre Marchère est une âme pieuse. Il est un riche propriétaire, orphelin et veuf. Pour Armand, Candre est un bon parti pour sa fille Aimée. L'affaire est entendue et Aimée se retrouve au domaine Marchère une bâtisse de pierre et de bois, aussi large qu'un couvent et aussi haute qu'une église. Un domaine qui va répandre sur elle des années de secrets. Dans cette demeure hantée par le fantôme d'Aleth la première épouse de Candre, la jeune fille se sent isolée entre le silence inquiétant de son mari, et surtout la figure dominante d'Henria, la servante et l'inquiétant Angelin un muet dont la langue a été coupée.

J'avais été littéralement transporté par son précédent roman « Une bête au paradis » un récit d'une beauté sauvage, où la sensualité côtoie la rudesse, où le désir se mêle à la haine. J'attendais donc le nouveau livre de Cécile Coulon avec impatience, trop sans doute. Certes l'auteur sait parfaitement rendre avec sa plume travaillée et évocatrice l'ambiance oppressante des lieux, les tourments de l'âme humaine, la tension palpable de ce huis clos. Mais j'ai été troublé, déçu un peu, l'histoire et le style parfois précieux ne correspondent pas à l'auteure de ces magnifiques recueils de poèmes que sont « les Ronces » et « Noir volcan ».



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Première lecture de Cécile Coulon
Une agréable surprise. Ma librairie a un rayon « livres faciles « ou « feel-good « avec Grimaldi, Legardinier, Lévy, Musso, , bref le top des meilleures ventes .
J'avais remarqué le précédent livre de Cécile Coulon parmi ces livres « grand public »,sans aucune connotation péjorative.J'ai lu au moins un livre des auteurs sus cités, souvent après une oeuvre un peu ardue
Je venais de lire Victor del Arbol Toutes les vagues de l'océan , magnifique mais difficile
Sans préjugés, me voila donc avec la jeune Cécile Coulon
Je le dis tout de suite :cela m'a plu
L'intrigue n'est pas originale.
Au 19° siècle, dans le Jura , la jeune Aimée doit épouser un riche veuf et donc le rejoindre dans son château pour une vie toute tracée
Candre, son époux est un homme austère , religieux mais aussi délicat
Aimée est à la fois admirative de son époux mais aussi un peu inquiète
car elle est , en quelque sorte, assignée à demeure , sur le vaste domaine
Il y a là tout un personnel au service du maître de maison.
Il y a aussi l' ombre intrigante de la première épouse de Cambre, décédé très jeune
Il y aussi un jeune étrange, beau et muet et une professeure de musique
Je vous laisse découvrir tout ce petit microcosme rural avec , bien sûr, quelques secrets et intrigues.Qui est vraiment ce Cambre?
Cécile Coulon connaît tous les codes pour écrire un tel roman
La danger ,c' était de faire un copier coller d' oeuvres littéraires anciennes et fort connues
Elle échappe à ce piège grâce à son style , au rythme impeccable du livre et à sa touche d' originalité
Certes, c' est un livre facile à lire mais,pour moi, le charme a opéré
J' attendrai avant de lire Une bête au paradis, son précédent roman qui a d' excellentes critiques
Je suis curieux de voir comment Cécile Coulon évoluera dans les prochaines années
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