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Critique de Bigmammy


Critique établie dans le cadre de l'opération "Masse critique".

Étrange et terriblement déstabilisant … ce très court opus dont les personnages attendrissants dans leur désarroi évoluent entre la rue Campagne Première, les boulevards Michel et Germain – curieux, cette manière de l'auteur d'en supprimer la référence à la sainteté – et les méga usines à défonce de Prenzlauer Berg et de l'Alexander Platz.
Destins croisés de trois jeunes hommes à peine sortis de l'enfer de l'enfance : Tobias, fils d'une famille écartelée que l'on confie régulièrement à un oncle pédophile, à la vie ainsi massacrée (tout le monde ne peut pas s'en tirer comme FOG), Armand à la belle gueule qui s'essaie à peindre malgré la vacuité de sa pauvre vie, Franz l'orphelin qui aurait eu les atouts intellectuels pour réussir mais « tombe » bêtement, par facilité. Un fil rouge : les drogues, la nécessité d'uen trouver, donc d'en dealer pour survivre …
Écriture étonnante d'un auteur de 26 ans, qui a certainement vécu une grande partie de ce qu'il décrit : la rapide descente vers les enfers de la techno, la place que certains croient trouver enfin au fond des bars puants, des zincs accueillants où s'accoudent les hommes, les toilettes où on se retrouve à deux, trois, quatre, hommes et femmes qui prennent et se font prendre dans la rage et la violence, la maladie, forcément …
Je crois que je ne rentrerai plus jamais dans un rade de mon quartier de la même façon désormais … Les trois enfants à la dérive arrivent à Berlin, où le rapport au sexe est différent, apparemment à la drogue aussi. Plongée au sein d'un maelström de corps vigoureux shootés à tout : GHB, amphétamines, cocaïne, héro (mais pas trop), histoire de tenir plus de 24 heures sans voir la lumière du jour, danser au son des basses pulsant à la place du coeur. On est généreux, on partage, c'est comme une grande famille, on s'épaule, on se frotte, on se détruit.
Stroboscopique, enfumé, crasseux, sordide, pas du tout porno malgré le propos mais superbement écrit, le roman éclaire un bout de la nuit absolu. C'est parfaitement décoiffant. Nous savons bien ce que sera la fin de nos pauvres et tristes héros, à Berlin ou ailleurs. On aimerait savoir comment.
Voilà un aller simple pour l'enfer, à ne pas lire un jour de spleen … « A un moment, ça devient si moche qu'on a envie de tout arrêter. » : ainsi s'achève de cri de douleur.
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