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Critique de JIEMDE


Bon, c'est bien gentil la rentrée littéraire, les nouveautés, les prix, toussa toussa… Mais faudrait pas que ça m'empêche de pratiquer une de mes activités littéraires favorites à savoir l'exploration du fonds. Et même des grands fonds. Sans bouteilles ni combi, mais avec la satisfaction de rattraper le temps autrefois perdu.

Place donc à J'étais Dora Suarez de Robin Cook, traduit par Jean-Paul Gratias et depuis longtemps repéré comme référence du noir chez Christophe L. et quelques autres. Et ma foi, quel choc !

Un flic marginal, indocile et anonyme est réintégré au sein du A 14 britannique, le service des décès non élucidés, pour y retrouver l'assassin de Dora Suarez et de sa logeuse, sauvagement massacrée à la hache, entre autres sévices physiques et sexuels.

« Il vit tout de suite qu'il avait bien travaillé ; la vieille mourut sous le choc ».

Dans le même temps, Felix Roatta, le patron du Parallel Club est retrouvé abattu. Après la découverte des activités particulièrement sordides qui s'y déroulaient à l'étage, le lien entre les deux affaires s'impose peu à peu.

Pas besoin d'en dire plus, aucun pitch ne pouvant être sincère face à la noirceur de ce roman. Et d'ailleurs, la 4e de couv' ne s'y essaye même pas, laissant la parole à l'auteur : « Et c‘est pourquoi J'étais Dora Suarez n'est pas seulement un roman noir, et qu'il va encore plus loin, pour devenir un roman en deuil ».

Le choc est immédiat, sous le coup des 50 pages d'un premier chapitre d'une puissance incroyable. Pas de temps mort pour être plongé dans les tréfonds de l'âme humaine. Que reste t-il quand on a touché le fond du désespoir et de la descente aux enfers ? Passer de l'autre côté de l'humanité.

J'étais Dora Suarez est un long cri de souffrance, de solitude et de jusqu'au boutisme pour ceux qui n'ont plus rien à perdre : pute condamnée par le sida, assassin névrotique ou enquêteur désabusé.

« Étant une femme solitaire, à la fois timide et fière, je me suis trouvée catapultée dans un milieu où il était fatal que je me fasse violer, parce que ma réserve apparaissait comme un défi lancé aux hommes ».

Un livre où, bien que morte dès le début, plane constamment l'ombre de Dora qui finit par faire corps avec celui qui tente de la venger, transformant son enquête en quête mystique : « Donnez-moi la main, vous tous, les vivants et les morts, et accordez une pensée, pendant un moment de générosité, à la pauvre Dora Suarez qui n'aurait jamais dû mourir à trente ans, massacrée à coups de hache ».


Un livre qui dit de manière sublime ce qu'est le noir, et qui devrait être lu par tous ceux qui ne savent pas toujours comment définir ce genre.
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