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Critique de isanne


Marian Anderson... Une âme imprégnée de musique qui évoquait pour moi les Droits Civiques.

Marian Anderson possédait la voix et le chant quand Martin Luther King usait des discours, de la foi et du pacifisme, quand Malcolm X revendiquait une colère et des actes et une action sociale. Tous trois, pour ne citer qu'eux, pour défendre, donner une voix aux êtres de couleur si niés sur le sol américain.

Marian Anderson, c'est l'émotion qui saisit en regardant la photo célèbre de cette foule dense et impressionnante massée devant le monument Lincoln, attendant la prestation de la cantatrice, puisque que les portes de Constitution Hall sont restées fermées devant elle. Cette foule rassemblée qui ne peut que forcer l'admiration. Cet élan de ces hommes, femmes et enfants qui convergent vers une reconnaissance d'une identité et de ses droits, vers le lieu même où quelques décennies plus tard Martin Luther King prononcera son discours. Discours qui aurait du d'ailleurs avoir en ouverture la voix chantée de cette Dame si elle n'avait pas été empêchée de se rendre sur le lieux en raison d'une trop grand liesse, de trop de foule empêchant la voiture de circuler. Et la boucle se ferme...

Marian Anderson, petit fille au début du vingtième siècle, a connu les affres et les humiliations des gens de couleur. Tombée en admiration, pour ne pas dire en amour, d'un violon dans une vitrine d'un prêteur sur gages, violon qui lui était apparu comme un ami véritable qu'il pourrait être, violon qui la guide vers le chant, vers la musique qui se chante, vers une passion pour cet art. Refusée dans une école de musique à cause de la couleur de sa peau, elle parviendra cependant à inscrire son nom dans les mémoires comme l'une des plus grandes cantatrices, une femme célébrée sur tous les continents, à défaut de l'être véritablement sur le sol qui l'a vue naître.

Pour autant, ce qui frappe dans cette évocation de Marian Anderson, c'est qu'elle n'a jamais souhaité prendre réellement parti politiquement pour son peuple. Parler de lui en le chantant, le représenter, oui, mais ne pas s'engager sur la scène des luttes réellement. Marian Anderson est plus patriote que vraiment un défenseur engagé de la cause des gens de couleurs aux Etats-Unis. Pour autant, involontairement, les discriminations dont elle sera victime en feront pourtant une icône de la cause.


Un récit qui raconte rapidement la vie de cette grande Dame, un peu trop rapidement pour moi - d'où mes seulement trois étoiles - un récit qui pour parler des Droits Civiques à travers le parcours de la cantatrice n'en reprend que les grands faits, les grandes lignes, restant dans la généralité là où il y aurait eu sans doute beaucoup plus à dire et de façon beaucoup plus calquée aux outrages et difficultés rencontrés par cette artiste. Mais l'auteur de ce livre voulait certainement mettre en avant davantage le parcours musical de Marian Anderson, disons pour justifier mon plaisir de lecture déçu que les Droits Civiques qu'on ne peut oublier dans ces années et avec la personnalité même de la cantatrice sont juste effleurés.

Un récit qui n'en est pas moins une évocation ou un renvoi de mémoire, en miroir de cette vie exceptionnelle qu'est celle de Marian Anderson, des années de lutte des Afro-Américains, lutte qui continue toujours et qui n'est point à l'aube de prendre fin. Demeure le reflet des soubresauts de cette Amérique qui ne parvient pas à trouver la paix, toujours à pourchasser tel ou tel pour ses idées politiques, ses convictions et ses origines, la couleur de sa peau.


Plus que tout, reste toujours après cette lecture cette image de la foule massée pour écouter celle qu'on a refusée, cette foule enthousiaste autant que respectueuse, reste cette image qui ouvre le livre de Richard Powers "Le temps où nous chantions" et rien que pour cela, il fallait lire ces quelques pages pour se souvenir à nouveau.

Un grand merci à Babélio et aux éditions du Félin.
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