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Critique de Mimimelie


Les cousins d'outre-Atlantique ont compris que pour dominer le monde, il fallait révolutionner aussi les gestes, les formes, les couleurs, les marges et leurs inspirations - banco ! C'est à ce basculement-là, artistique autant que géopolitique, que l'historienne Annie Cohen-Solal, biographe de Sartre et du marchand d'art Leo Castelli, a consacré une étude très précieuse pour qui veut saisir la genèse de la scène artistique d'aujourd'hui «Un jour, ils auront des peintres», c'est son titre, utilement republiée en poche cet automne. Car cette épopée des peintres américains, qui nous mène de Giverny à Chicago et de Pont-Aven au Nouveau-Mexique, explique aussi ce qui les a conduits des gradins au-devant de scène, de la vexation à l'hégémonie, de la ringardise à la réinvention, via la puissance d'un espace sans bornes, d'une autre échelle de paysages, d'un bulldozer économique et d'un enthousiasme technologique tels que l'histoire moderne n'en avaient pas connu. de quoi méditer, entre les aplats et les drippings, les épaisseurs ocre et les feux d'artifice de couleurs, sur ce lien indirect, paradoxal et dialectique, mais non moins attesté, rapprochant art et impérialisme, inventivité formelle et suprématie politico-économique.
Demandez aux leaders chinois de 2017, qui, en emprisonnant leurs penseurs et en faisant fuir leurs cinéastes, limitent du même coup leur force de frappe globale. Américain ou chinois on ne sait pas, religieux ou politique on verra, mais le XXIe siècle, comme les précédents, sera artistique ou ne sera pas.

François Cusset –Beaux Arts magazine n°399 Sept.2017
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