«
Héloïse », O.Cohen, éd.Phénix noir, 2021
Une tranche de vie qui n'a eu de cesse de me faire penser aux grandes pages naturalistes du XIXème siècle. Il y a du Jeanne de
Maupassant, du Gervaise de
Zola, du Germinie des Goncourt dans la figure d'
Héloïse : le goût d'un destin qui s'acharne, qui joue avec le personnage, qui
lui laisse entrevoir la lumière pour mieux la plonger dans l'ombre, qui
lui laisse connaître l'amour pour mieux la laisser tomber dans la solitude, qui
lui laisse toucher la chance pour la
lui reprendre après. Et donc, j'ai aimé !
Les bonnes fées ne se sont pas penchées sur le berceau d'
Héloïse, elle a même plutôt mal commencé dans la vie, mais, l'air de rien, elle s'en sort, bon an mal an. Elle est forte
Héloïse, elle essaie de se battre, mais, immanquablement, elle prend des coups sur le nez qui la font retomber toujours plus bas, jusqu'à cette déchéance noire, alcoolisée, désespérée depuis laquelle elle se raconte, avec, en fond, la bande originale rock de sa vie.
Pas d'enquête, pas de mystère à résoudre, pas de coupable à découvrir, pas de crime à élucider, juste l'histoire d'une femme. Une femme qui pourrait être nous et qui parle à nos tripes, qui appelle notre empathie mais qui nous donne toutes les raisons de la laisser tomber, qui suscite notre pitié autant que notre déception.
Héloïse nous bouleverse de bout en bout avec le point d'orgue de sa maternité !
Héloïse est-elle folle ? Est-ce la vie qui l'a abimée ? S'est-elle sabordée à dessein ? Les noirs gagnent-ils toujours la partie d'échecs qu'est la vie ? (En ce sens la couverture est éloquente)
Bref, «
Héloïse » est unique en son genre et si l'héroïne est orpheline,
Ophélie Cohen, elle, peut s'inscrire fièrement comme héritière des grands romanciers réalistes tant son livre est édifiant et marquant.
Je recommande +++