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Critique de ChristianDecroze


Mais où avait-il la tête, Gaston, lorsqu'il a accepté de publier cette diarrhée logorrhéique ? Oui, « logorrhéique » car Albert Cohen n'écrivait pas, il dictait. Il faut le savoir, sinon on ne comprend pas comment il a pu pondre un bouquin aussi gros et aussi ch..ant. La dictée lui a permis de débiter des ennuyieusetés au kilomètre, sans effort et pendant des heures. C'est plus pratique que l'écriture, ça évite la crampe de l'écrivain, c'est la pauvre dactylo qui souffre.

En revanche, un qui n'échappe pas à la crampe, c'est le lecteur. Tourner des centaines de pages où il ne se passe strictement, mais rigoureusement, absolument rien d'intéressant [la meuf, il lui faut 40 pages rien que ça pour essayer ses tailleurs parce que Chérichou Dieusuperbeau arrive ce soir, ], l'index humecté d'un coup de langue furtif et las, ça use la phalange distale (oui, distale, c'est mon médecin généraliste qui me l'a dit et je le crois sur parole, il a lu tout Proust et il en a gardé une malformation digitale).

Bon, étant donné que Tonton Bébert s'est déjà copieusement vidangé sur 845 pages chez Gallimard (je n'ose imaginer l'horreur en « Poche », ça doit frôler les 1200 pages), je vais vous la faire courte :

Il est beau, il a de belles dents, donc elle l'aime. Elle est belle, elle a de beaux cils recourbés, donc il l'aime. Comme elle est un peu nunuche et qu'il ne cesse de se lamenter sur son sort, ce bouquin très dispensable aurait plutôt dû s'intituler « Bête du Geigneur » mais bon, ce n'est pas moi qui décide. Au bout d'un moment, mais ça prend bien 300 ou 350 pages, facile, ça coïte dur sous l'oeil attendri de Tonton Bébert, cigarette au bec, qui s'extasie sur sa propre dictée. A mon humble avis, sans raison valable. Les dialogues amoureux, par exemple, sont inénarrables, genre : « Aimé, Ô mon Aimé, j'aime quand vous m'aimez et que vous me dites que vous m'aimez avec vos lèvres que j'aime aimer ». Et devinez ce qu'il répond, le mec aux lèvres presque boursouflées tellement elles sont aimées ? : Bingo ! Il répond : « Je t'aime aussi ». C'est tellement beau qu'on dirait presque du Joël Dicker.

Mais, à la fin, les deux débiles de service en ont presque aussi marre que nous de cette histoire sans aucun intérêt et ils se suicident, sniff. On peut comprendre leur désespoir : ils sont jeunes, beaux, bourrés de fric et n'ont rien d'autre à faire que profiter de la vie, du soleil et de la Méditerranée. Personne ne pourrait supporter longtemps un tel enfer. Si ça s'était produit 750 pages plus tôt, on aurait gagné un temps précieux.

Pour résumer, il est bien gentil, Bébert, mais presque 900 pages indigentes et indigestes pour nous expliquer que l'amour ne dure pas éternellement, sniff, et que c'est bien triste, sniff, merci, on était déjà au courant, il y en a des centaines qui l'ont écrit avant lui, et beaucoup mieux. Il paraît qu'après moult réflexion et cigarettes très chères, il voulait réécrire complètement le résultat de son transit intestinal en y ajoutant 400 ou 500 pages pas piquées des vers et indispensables selon lui. Grâce sans doute à quelques douches glacées et piqûres calmantes (« Merci, mon Dieu »), nous avons échappé à une seconde catastrophe.

Zut, je vous avais promis de la faire courte. Je me suis laissé entraîner, désolé. Après tout, Tonton Bébert m'a surgonflé les amygdales pendant un bon mois je peux bien vous casser un peu les coudes pendant dix minutes, non ?
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