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Critique de gill


gill
24 novembre 2021
Ce livre est une pépite, une petite perle née de l'imagination d'Edmond Coaren, plus connu sous le nom druidique d'Emonig Koarer Kalondan.
Mais ouiche ! Va te faire lanlaire !
Le barde, le dernier si ce n'est Jean Markale, a saisi sa harpe afin de nous conter la picaresque et fantaisiste, mais néanmoins touchante et édifiante, histoire de Baco, marin nantais et roi de l'île de la montagne du feu.
Edmond Coarer-Kalondan a transposé ici une vieille légende nantaise du 15ème siècle, l'a tordue et triturée, et l'a projetée dans un supposé 18ème siècle.
Baco est un petit gars de la rue de l'Hermitage qui, à force d'écouter les belles histoires du père Lencelot, a voulu se faire marin.
Sa carrière a commencé par onze coups de garcette pour avoir embarqué passager clandestin sur l'Ariane, un puissant long-courrier du port de Nantes.
Mais pourtant, un jour de navigation furieuse, il a eu la chance d'apercevoir Morgane, l'âme de la mer, qui lui a promis, s'il l'aimait toujours de même, de connaître une vie extraordinaire.
De fait, gagné par l'ennui de la navigation au commerce, il se fera corsaire, pirate ou flibustier, fera naufrage deux fois en vingt-quatre heures, deviendra richissime roi et finira sa vie sur les quais de la Fosse dans un triste et tragique dénuement ...
Et hisse le foc, matelot !
On repart grand largue et vent arrière !
Ce récit est original, enlevé, et haut en couleur.
Il est ponctué de savoureuses locutions marines.
Le ton y est léger, rabelaisien à certaines de ses tournures mais jamais vulgaire.
La fantaisie est ici de mise, même si elle est teintée de morale.
C'est que Baco a trahi l'âme de la mer par sa peur panique de refaire naufrage, par ses excès de boisson, et par ses libertinages.
La malédiction de Morgane va le poursuivre jusqu'à sa fin lamentable.
Mais le livre de Coarer-Kalondan est aussi une histoire terriblement humaine, une poignante odyssée à son épilogue, une fable finalement assez moraliste.
L'auteur dénonce ici, dès les premières pages, par exemple la prospérité du port de Nantes qui se fit sur le commerce triangulaire, cet infamant trafic du "bois d'ébène".
Il fustige aussi l'influence du blanc colonisateur qui ne laisse en nouveau pays que trois traces : des armes, des objets de piété et enfin des bibelots de pacotille.
Ce livre, magnifique, parle aussi d'amour, de générosité et d'ingratitude, d'honnêteté, de grand courage et de petites lâchetés.
Il est bien écrit, dans un style plaisant et pittoresque.
Certaines scènes sont uniques et atypiques, comme celle, par exemple où Baco, installé avec Mahé son vieux compagnon, dans la salle à manger de son palais de riche parvenu, sort son couteau de marin qui ne quitte jamais sa poche, saisit un morceau de viande froide, le pose sur sa tartine, met le pouce dessus et commence à manger.
Et son compagnon, de faire de même, après avoir précautionneusement posé sa chique dans son bonnet ...
A fin gabier, bon boujaron !
Une rue de Nantes porte le nom du roi Baco.
A la révolution, elle fut rebaptisée rue Monplaisir, puis rue de la République avant de retrouver sa dénomination initiale.
Et c'est heureux, car cap sur l'inconnu et le mystère, on appareille ...


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