Les jours heureux

Certains ont vu dans le dernier roman d'Adélaïde de Clermont Tonnerre un roman de plage. Critique facile et idiote qui ne s'explique que par le moment de sa parution. Aussi peut-être, et c'est une des forces magistrales de la romancière, parce qu'elle nous offre un roman grave qui baigne dans le soleil et la lumière. L'auteure est une magnifique conteuse. Elle donne à ses personnages une profondeur et une consistance qui n'abolit pas leur mystère. Les jours heureux racontent un tout grand amour, les épreuves de la vie, la recherche d'identité d'un enfant devenu adulte qui doit éviter d'être écrasé par l'amour et la réussite de ses parents mais aussi une époque, le monde du cinéma, ses strass et ses gravités. Une jolie manière de montrer comment se créent des oeuvres. le roman décrit des parcours singuliers, le basculement d'une époque : de l'insolence et la légèreté de la fin du vingtième siècle incarné par l'amour qui unit les parents d'Oscar qui se trouvent, se perdent et se retrouvent sans jamais cesser de s'aimer à la difficulté d'être un homme, blanc de surcroît, au vingt et unième siècle. le propos est en prise directe avec les problèmes du temps : Me too, l'espionnage russe, l'amour virtuel mais touche à l'universel : comment s'accomplir dans la vie et comment s'accomplir dans la manière de la finir. Un beau roman sur l'amour d'un fils, sur l'amour d'un homme. Un roman qui se lit plus qu'il se raconte. Une belle réussite.