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Critique de davidomi


"Que d'abîme d'une âme à une autre !" dit Julien Green dans Léviathan. Cela aurait pu être les premières lignes de ce récit (presque un grand roman de genre)
Quand je tombe enfin sur un très très rare roman policer (ou thriller) de qualité, je vais très vite rouspéter parce que la fin n'est pratiquement jamais à la hauteur du reste du roman. Et ici, pour une fois que la fin échappe à cette malédiction, je vais quand même me permettre de râler, si on me le permet.
En lisant la fin du Grand Sommeil, j'ai pensé à ce que Daniel Zimmermann (plus personne ne doit savoir aujourd'hui qui il était) m'avait dit un jour en m'aiguillant pour un léger correctif de mon texte : "Ce que tu ne dis pas, tu le confies à l'intelligence du lecteur".
Si l'histoire avait pris fin avec Carmen tirant sur Marlowe près des vieux puits de pétrole, ça aurait été un grand roman de mon point de vue. Au moment même de la scène, j'ai d'ailleurs tout de suite espéré que Chandler n'explique rien. Que l'on parte avec un détective encore plus désabusé que de normal. Au moment où il explique à Carmen qu'il a mis cinq balles dans le revolver, on sait que ce sont des balles à blanc et qu'il a déjà compris ce qu'il s'est passé.
Chandler ici n'a pas su faire confiance à ce lecteur qui comprend que Carmen n'est pas juste une petite fille paumée, mais une petite fille cinglée, qu'elle tire sur Marlowe comme elle a tiré sur le mari de sa soeur, pour la même raison : ces deux hommes, les deux seuls peut être à l'avoir respectée, à n'avoir pas abusé de son délabrement, ont osé refuser son corps nu d'adolescente offert...
- Oui mais certains lecteurs n'auraient pas compris !
- Et alors ? Faut-il toujours tirer vers le bas quand il s'agit de littérature populaire ?
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