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Critique de polacrit



Un an que Millicent est sortie de prison. Il faut dire que la réadaptation à la "vie normale" est laborieuse. La belle-soeur de son frère, Vivian, lui a proposé une chambre dans la maison qu'elle partage avec son amie Carla. Ne sachant quoi faire d'autre, elle a accepté. Mais certains réflexes qui ont la vie dure l'empêchent de tourner la page, de laisser loin derrière elle un passé qu'elle s'efforce d'oublier à tout prix: "...elle se surprenait encore à attendre devant les portes, jusqu'à se rendre compte, un peu tard, qu'elle n'avait pas besoin d'une permission pour les ouvrir." (Page 29)
Jerry, pour fuir la mort imminente de sa grand-mère, la seule à avoir pris soin de lui depuis l'âge de deux ans, n'a rien trouvé de mieux que de devenir le guetteur de Roscoe, un chef de bande minable, arrogant et brutal. Après le décès de la vieille dame, il décide d'honorer la promesse qu'il lui a faite de prendre son avenir en main. Il s'installe à Glasgow pour étudier le cinéma. Toujours aussi fauché. Même si les cours lui plaisent, il a constamment l'impression de ne pas être à sa place. C'est alors qu'il tombe sur une annonce qui va changer sa vie: "Logement étudiant bon marché à Hyndland", dans une grande demeure d'un quartier chic. La seule condition est de passer un peu de temps avec ses logeuses, charmantes vieilles dames qui pensent ainsi rester connectées au monde qui les entoure.
Il y fait la connaissance de Millicent, une ancienne spécialiste des maquillages et des effets spéciaux dans les films d'horreur de série B, films pour lesquels Jerry voue un véritable culte, particulièrement "Mancipium", film maudit jamais projeté, dont les effets spéciaux ont été réalisés par Millicent au moment du meurtre de son amant.
Un jour, elle tombe sur une photographie qui l'intrigue au plus haut point. Et l'incite à découvrir pourquoi elle a passé 24 ans en prison pour un meurtre qu'elle n'a pas commis. Car l'homme de la photo ne peut pas être Markus Laird, pour la bonne raison que le jour où elle a été prise, il était mort depuis deux jours.
Jerry s'interroge: peut-il faire confiance à la vieille dame? Pourquoi a-t-elle écopé d'une peine aussi lourde? Pourquoi tous ses appels ont été rejetés, fait plutôt inhabituel en Ecosse? Malgré ses doutes, il accepte de l'aider dans la recherche de la vérité, même si cela signifie que leurs vies sont en danger. Car le seul moyen pour Millie de trouver des réponses est d'interroger les personnages louches qu'elle fréquentait lors du tournage de "Mancipium"...

Avec Coupez!, Chris Brookmyre propose un thriller puissant, érudit, intelligemment construit, totalement addictif. Les nombreuses anecdote cinématographiques, que ce soit à propos de films, d'acteurs ou de tournages, offrent à l'intrigue un soubassement de réalisme. Un peu comme si on lisait une monographie sans le côté didactique qui pourrait en rebuter plus d'un. Emporté par le rythme mené tambour battant, le lecteur ne s'ennuie pas une seconde.
Le+: la façon méthodique dont l'auteur met le décor en place: scène après scène, comme dans un film: la vie de Millicent un an après sa sortie de prison; la vie de Jerry après son installation à l'université de Glasgow; puis leur destin commun une fois que leurs routes se sont croisées, avec les immersions dans le passé de Millicent pour comprendre ce qu'il se passe dans le présent.
Un véritable coup de coeur donc pour ce roman captivant qui se lit d'une traite tant le lecteur est emporté par son intrigue bien ficelée, par la puissance de son récit, par ses personnages attachants malgré leurs zones d'ombre. La vie n'est ni noire ni blanche, mais composée d'un camaïeu de gris dont les nuances se déclinent à l'infini. A chacun d'y tracer sa route avec bienveillance, sans céder aux sirènes du mal.
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