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Critique de Ellane92


Mark a changé depuis son accident de voiture, au point d'avoir cassé la figure d'un adolescent du lycée dans lequel il travaille comme agent d'entretien, malgré des études qui lui aurait permis d'enseigner. Sa femme en a ras-la-casquette de ce nouveau mari, et le supplie de raconter ce qu'il s'est passé quelques semaines auparavant.
Mark était parti en voiture pour signer les papiers consécutifs au décès de sa mère. Cette voiture, vendue "comme neuve" par son beau-frère, n'était qu'un vieux tacot incapable de tenir la distance. le voilà donc dans un routier en train de casser la dalle pendant que sa voiture remorquée est en réparation. Quelle n'est pas sa surprise de voir débarquer sur la banquette en face de lui une gamine mal coiffée dont la tête lui dit quelque chose. Se rapprochant de l'entrée du bar-hôtel routier, ses doutes se transforment en certitude : cette gamine n'est autre que la version plus âgée de la photo placardée partout depuis plusieurs mois d'une enfant disparue. Il alerte les forces de l'ordre, les journalistes débarquent avant tout le monde, et pour éviter le bain de foule, il se rend dans sa chambre... où il est accueilli par un coup de taser !
Quand il se réveille, il est dans une camionnette, entouré de gamins. Tous sont des enfants enlevés qui ont vécu, enfin, plutôt, survécu, à plusieurs années de tortures, de viols et de violence sous la domination d'un certain Grendel. Et ils se sont échappés. Ils veulent rentrer chez eux. Mais ils ont peur d'avoir été oubliés, de ne plus avoir leur place au sein de leur ancienne famille. Alors, ils souhaitent que Mark les aide. de gré ou de force ?


Surprenant, ce thriller de Gary A. Braunbeck, connu et reconnu pour ses nouvelles et livres d'horreur ! D'ailleurs, les petits rescapés qui veulent regagner leurs pénates semblent tout droit sorti d'une galerie de l'horreur, origine Enfers.
Il vaut mieux avoir le coeur bien accroché pour lire Mais c'est à toi que je pense ; les sévices évoqués par les enfants ont de quoi retourner l'estomac, et bien que non crédibles, on n'a aucun mal à les imaginer (ou à en imaginer le résultat !). Là où Braunbeck est très fort, c'est que, dans cette atmosphère glauque et malsaine, il fait pousser des petites graines : l'espoir, l'amitié, la confiance, le respect, l'entraide... L'humour également n'est jamais très loin, y compris l'auto-dérision des gamins, qui fait autant sourire que grimacer. Une autre invitée à cette surprenante promenade est la folie, qui semble prête à entrainer Christopher, le plus âgé des enfants, dans sa folle sarabande, et dont on se demande comment elle n'est pas l'invitée principale !
Ce qui est original également, dans ce "thriller", c'est le parti pris de l'histoire : les enfants ont été enlevés et torturés, mais ils se sont libérés ; il n'y a pas de super flic méga expert dans la recherche d'enfants ou dans l'analyse des tâches de gasoil datant de plus de 6 mois, pas de suspects à interroger, ou de fausses pistes où se fourvoyer. L'intrigue, le fil conducteur de l'histoire, est très simple, et l'origine du suspense, de la tension, sont inattendus (en tout cas, pour moi). Tous les personnages évoqués dans ce livre (en-dehors de Grendel, bien entendu) sont fort sympathiques ; le lecteur se sent rapidement en empathie avec eux, qu'il s'agisse des enfants ou de Mark. L'ensemble fait qu'il est extrêmement difficile de lâcher son livre pour, au choix, changer de rame de métro, récupérer les fillettes à l'école ou prendre l'avion !
En-dehors de l'histoire originale, des personnages sympatoches, du suspense qui va crescendo, de l'écriture très agréable et pimentée d'humour (un peu noir) de Braunbeck, ce qui m'a le plus plu, dans cette lecture, c'est que je me suis sentie comme ramenée des années en arrière. A cette époque-là, quand nous regardions un film qui faisait "peur", ma soeur et moi nous enfoncions bien profondément dans le canapé, serrées l'une contre l'autre, les genoux sous le menton, les mains devant les yeux, pour ne pas assister au "spectacle" ; et bien entendu, nos doigts étaient toujours écartés, pour que nous n'en perdions pas une seconde ! Et bien, j'ai lu Mais c'est à toi que je pense un peu dans cet état d'esprit : beurk, c'est dégueulasse mais... qu'est-ce qu'il se passe ensuite ?!?
Une très chouette découverte.
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