Je tenais à remercier les éditions
Gallimard Jeunesse (On lit plus fort) pour cette nouvelle découverte. C'est le troisième roman de
John Boyne que je lis, le second sur le thème de la guerre, je trouve qu'il est formidable pour en parler. Avec émotion et justesse ; et même si le roman a ses défauts, il est franchement déroutant et percutant. Ce fut une bonne lecture que je recommande aux amateurs de ce type de récit.
La guerre de 39-45 est évoquée par l'intermédiaire de l'endoctrinement, des jeunesses hitlériennes ; ce qui est en soi assez original. C'est d'ailleurs ce qui renforce le caractère touchant et poignant du récit, la perversion d'un enfant, si innocent à son arrivée rend l'histoire presque inoubliable. J'ai beaucoup aimé le concept, d'avoir amené cet enfant au sommet de la montagne, dans la résidence secondaire d'Hitler, c'est atypique et bien pensé, fascinant et terrible.
Je vais commencer par les points qui m'ont rendue chafouine. Je suis assez déroutée par la rapidité de l'endoctrinement de Pierrot, c'est trop rapide, trop gros à mon sens. J'aurais aimé quelque chose de plus sournois, de moins « bloc ». Ça avait bien commencé avec la tante et son ami chauffeur Ernst, en recommandant à Pierrot de ne pas parler de son ami juif ou de ses racines françaises. Puis, brusquement, tout s'emballe et j'ai trouvé que l'esprit vif de notre petit garçon s'estompe trop rapidement.
L'autre point dommageable, c'est la rapidité d'expédition de la fin. Les alliés débarquent, Pierrot retourne trop facilement sa veste même s'il avait compris le mal qu'il a pu faire. Il retrouve son ami juif et lui conte son récit. Tout va vite, l'auteur ne prend plus le temps de poser les émotions, les questions comme dans le roman et il m'a manqué des explications, le ressenti de cet ami devant les horreurs.
Ces deux points, à moins d'y être très sensible, vous pouvez les oublier le temps de la lecture. J'avoue que je chipote un peu. L'histoire nous montre comment il est facile de corrompre un enfant, de lui faire perdre ses repères et ses valeurs pour en faire un véritable nazi. Pierrot perd son enfance pour se plonger dans les tourments de la guerre, de l'antisémitisme et se persuader qu'il est normal, bon. Il en vient à commettre des atrocités, à penser d'horribles choses et pourtant, l'auteur nous laisse un petit faisceau d'espoir. Déjà par notre attachement à Pierrot, mais aussi parce qu'une partie de son entourage est encore humain. L'intrigue est linéaire, chronologique ; elle se laisse lire avec facilité, j'ai tourné les pages sans réellement m'arrêter, désireuse de connaître la suite. Il y a peu d'action, mais la psychologie est très forte, ce qui le rend addictif.
La plume de
John Boyne est très facile d'accès, l'auteur sait comment nous faire plonger dans la tête d'un enfant, dans ses questions et doutes, ses convictions et sa naïveté. L'auteur dépeint très bien l'endoctrinement, les nazis sans pour autant être lourd ou précis. Il nous laisse imaginer les lieux, les personnes rencontrées et qui sont connues, le cercle des proches d'Hitler. Cette vie au sommet de la montagne, ou dans l'orphelinat, le trajet de l'un à l'autre, l'auteur sait décrire et offrir des dialogues très intéressants. L'ambiance est particulière, intimiste et sombre, violente parfois, je me suis sentie complètement oppressée par l'ensemble qui offre ainsi une belle immersion.
En conclusion, ce n'est pas un coup de coeur, mais il offre de belles possibilités. L'auteur évoque des sujets sensibles et poignants, avec une belle force et de la justesse. J'ai passé un bon moment en compagnie de ce récit percutant et fascinant d'un point de vue psychologique. Les personnages sont attachants ou édifiants par leur cruauté, le style est agréable à lire, l'intrigue a de bons rebondissements. L'émotion est très présente. Tout ce super mélange rend le roman unique et touchant, intéressant et captivant.
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